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15 mars 2004

Journée spéciale du parlement européen consacrée au Cameroun

smEU6Le 15 mars dernier(15 mars 2004,Ndlr), la Commission du parlement européen chargée du développement et de la coopération s’est penchée sur le dossier du Cameroun vis-à-vis de la situation critique des droits de l’Homme et les risques de conflits qui pèsent sur ce pays à quelques mois des élections présidentielles, si les conditions d’une bonne organisation de cette dernière ne sont pas appliquées..

“Ce qui est choquant au Cameroun, c'est que Monsieur Paul Biya et ses sbires ne soient jamais arrivés à comprendre que sans une refonte du système électoral et la mise sur pied d’une véritable structure autonome pouvant organiser et gérer les élections, le Cameroun ne sera jamais capable de se doter d’un statut suffisamment fort pour affronter les grands défis de la mondialisation.” C’est sur cette phrase que s’ouvre l’intervention de M. Thodore POUFONG, vice-Président du SDF, province de Belgique. L’essentiel de son intervention a porté sur la préparation catastrophique des prochaines élections présidentielles au Cameroun.

Y étaient présents devant la commission, pour la représentation du gouvernement camerounais: Mme Isabelle BASSONG, Ambassadeur du Cameroun auprès du Royaume de Belgique; M. TSALA, 1er Secrétaire de l’Ambassade.

Pour l’opposition: M. Théodore F. POUFONG, Vice-Président de la Province SDF de Belgique assisté du Dr Jules Bosco. KAMDEM, Secrétaire a l’organisation de ladite formation politique.

Pour la société civile: Mme Madeleine AFFITE de l’ACAT Cameroun, Benoit Van der Meerschen (chargé de mission pour la Fidh) et Antoine Madelin (représentant permanent de la FIDH Bruxelles).

La Commission était composée de Mme Sanders ten-Holte Vice-Président du comité et Chairlady, de M. Benoit Van Der Meerschern, Expert sur le Cameroun assisté des assesseurs, de M. Miguel Angel Martinez Député européen socialiste espagnol assisté d’un auditeur de la commission, de Mme Linda Mc Avan Député européen socialiste anglaise, elle aussi assistée d’un auditeur.

L’intéret de cette commission a été suscité par les mouvements de contestations actuels de la légitimité démocratique du pouvoir de Monsieur Paul Biya des Camerounais résidant en Grande-Bretagne, en Belgique, ou Amérique du Nord et en France qui ont porté “le problème camerounais” dans la rue et devant les institutions étrangères susceptibles d’influer sur les comportements du gouvernement camerounais.

Tous dénoncent de facon bruyante la maniere par laquelle le Cameroun est géré, doublé de la publication en 2003 de deux rapports consécutifs par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme(Fidh) et le Comité des Nations-unies contre la torture(CAT), Rapports qui ont dressé un état critique et proccupant des droits humains au Cameroun.

Les abus signalés ici et là, grâce au concours des responsables de certaines organisations non gouvernementales s’occupant des droits humains au Cameroun, ont exposé ces responsables à la persécution des autorités camerounaises.

M. Théodore F. POUFONG (Vice-Président de la Province SDF de Belgique) et Madeleine AFITE (Responsable de l’ACAT-Littoral/Cameroun) ont successivement été entendus par les membres de la Commission Développement et Coopération.

Au sujet des élections, M. POUFONG a informé la commission de l’environnement électoral et procédural caduque depuis des années. Au Cameroun ajoute t-il, les résultats aux différentes consultations électorales sont connus d’avance. Tripatouillage des urnes, bourrages, falsification des rapports de dépouillement des urnes, création des bureaux fictifs de vote, des électeurs la à solde du parti au pouvoir disposant de plusieurs identités et plusieurs cartes électorales, l'inégale répartition des siéges à pourvoir, l'inscription sélective sur les listes électorales, le déplacement des bureaux de vote le jour du scrutin, etc .

Le représentant du SDF a exhorté la Commission européenne à faire pression sur Biya afin que les élections futures soient organisées dans une transparence spéciale. Il a clairement mis en cause la communauté internationale, reprochant cette derniere d’etre trop sélective dans ses critiques tout en citant en exemple des élections présidentielles organisées et remportées au Zimbabwé par Robert Mugabe. Il a fort insisté, sur les cas de la Cote d’Ivoire, de Haiti, sur les risques de dérive ou d’implosion qui peuvent résulter du déni systmatique des droits fondamentaux de la population.

Mme Madeleine AFFITE de l’ONG de défense des droits humains ACAT Cameroun,en tant que deuxième intervenante du jour est revenue sur l’etat des violations des droits humains au Cameroun tout en mentionnant dès le départ le caractère reducteur et simpliste du rapport de la F.I.D.H. Tellement le vécu quotidien du Camerounais est indescriptible. C’est ainsi qu’elle lance un vibrant appel aux organismes internationaux tel les Nations Unies pour venir sur place vérifier l’état de violation des droits de l’homme au Cameroun. On est amené selon elle à se demander si ces organismes sont manipulés ou s’ils sont tout simplement amnésiques. Revenant sur les exactions commises au cours du Commandement Opérationnel, elle a souligne les cas des tortures et surtout de l’impunité des bourreaux. Impossible de porter une plainte au Cameroun ou de s’exprimer sans s’exposer à un danger.

Fort de ce constat, elle a rappelé qu’il est grand temps que l’Union Européenne puisse prendre à bras le corps les problemes relatifs au Cameroun et à ces irrégularités dans ses prochaines consultations électorales. Elle précise devant la commission qu’il n’existe pas de droit à la santé ou l’éducation au Cameroun. L’école n’est plus un droit au Cameroun. Près de 90% des petites filles en âge scolarisable déambulent à longueur de journée et survivent souvent en vendant des petites denrées alimentaires. Et c’est ainsi que les viols sont courants.

Pas de liberté d’expression. La presse et d’autres médias ne peuvent pas s’exprimer librement. La radio du groupe de presse messager est jusqu’à nos jours interdite d’antenne. Les ONG ne peuvent pas non plus évoluer sur le terrain. On a toujours à ses cotes, un "indic" du gouvernement qui surveille tous les mouvements.

Sur le plan économique elle a évoqué un taux d’inflation qui est de loin maitrisable. Pas d’emploi. En consquence, la misère gagne du terrain de facon inéxorable. Les enfants meurent à defaut de pouvoir leur procurer un comprimé de quinine.

Peut-on dans ces conditions parler de respect des droits de l’Homme au Cameroun?

Le Cameroun devrait revoir sa politique sur les droits de l’Homme, suggère Madeleine AFITE. Elle termine ses propos en invitant l’Union Européenne à faire un suivi avec les ONG qui travaillent sur le terrain.

Parole à Mme L’Ambassadeur du Cameroun à Bruxelles, Mme Isabelle BASSONG.

Madame l’Ambassadeur a dans un premier temps tenu à faire remarquer qu’elle avait l’impression qu’on ne parle pas du meme pays, tant les faits ainsi présentés paraissent invraisemblables.

S’agissant des droits de l’homme elle a tenu à rappeler que le Cameroun a participé aux accords de Lomé et qu’en qualité de porte-parole du groupe ACP, elle a suivi personnellement la discussion sur l’article 5 qui instaurait la clause essentielle sur les droits de l’homme. Bien sur que tout n’est pas parfait. Mais le processus est en marche. Elle reconnait néanmoins que le Cameroun n’est pas un paradis.

Au sujet des listes electorales, et l’organisation meme des consultations électorales, l’ambassadrice camerounaise s’est montrée fort évasive sur ces sujets. Elle a cependant assuré les parlementaires européens de la parfaite autonomie des organes chargés de l’organisation et du controle des élections au Cameroun. Ce qui est loin de la réalité.

Après cette audition, la présidente de la commission a déclaré clairement que le parlement européen suivra de très près l’évolution du Cameroun au cours de cette année électorale. Elle a par ailleurs témoigné de sa reconnaissance aux différents intervenants et, consciente des risques pris par certains des intervenants, elle a expressement indiqué que le parlement européen se montrera particulièrement vigilant quant aux éventuelles mésures de rétorsion qui pourraient suivre cette séance de travail.

Un rendez-vous au parlement belge était également prévu sans oublier la rencontre entre le CODE (Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora) et la Commission européenne dans les semaines à venir. En attendant, la délégation permanente de la F.I.D.H, l’asbl LIBERAL, le CNI, le R.O.C et plusieurs autres organisations de défenses et de promotion des droits humains continueront leur lobbying pour le respect des droits de l’Homme au Cameroun auprès des autres institutions européennes.

© Hugues Bertin SEUMO a Bruxelles

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