Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Prisma Canal International
Pages
Derniers commentaires
Archives
3 mai 2007

2 milliards pour une statue du Cameroun

reine_BangwaMême dans les milieux spécialisés de l’art camerounais, beaucoup s’interrogent encore sur l’engouement du public occidental pour un "bout de bois" d’à peine 85 centimètres issu des profondeurs du Cameroun.

En 1990, la statue de la reine de la tribu Foreke Chacha, dans le Sud Ouest du Cameroun, a suscité un vif intérêt outre-Atlantique, au point d’être vendue à New York à 3 410 000 dollars, soit plus de deux milliards de francs CFA, en valeur de l’époque.

Il s’agit du second record de vente d’un objet « d’art premier ». Il a été vendu aux enchères, à l’Hôtel Drouot, à Paris pour 5,9 millions d’euros(près de 4 milliards de francs CFA). Un record. Le précèdent record était détenu par la statue de la « reine Bangwa ».

Comment expliquer un tel engouement pour cette œuvre issue de la chefferie « Foreke Chacha » du sud-ouest du Cameroun ?

Les spécialistes, comme le professeur Jean Paul Notue, enseignant d’histoire de l’art à l’université de Yaoundé, explique que « la valeur plastique de la statue est indéniable. La finesse de la coiffure et les détails du collier sont présentés comme des chef-d’œuvre dignes des grands maîtres.»

« Par son dynamisme, son mouvement, la reine tranche avec le commun des œuvres d’art africain,» poursuit-il. nu par un masque Ngil de la tribu Fang, dans le nord du Gabon.

En mouvement, elle a les jambes fléchies, illustrant un pas de danse d’un rythme local, souligne le professeur Notue, qui y voit une illustration de la maîtrise de l’art de la danse.

Les origines royales de la « reine Bangwa » sont mises en exergue par les parements royaux. De la tête aux pieds, elle est royalement vêtue. Il faut en effet chercher dans les accidents de l’histoire pour comprendre ce qui s’apparente à une espèce d’exil de 110 ans.

Vers la fin du XIXe siècle, le Cameroun est encore sous colonisation allemande. En 1897, un commerçant allemand du nom de Conraud se fait l’ami des « fon » (chefs traditionnels locaux) avec qui il noue des partenariats d’affaires.

Pour l’aider dans ses activités, quelques gros bras sont mis à sa disposition par le chef Assongagni. Mais ces travailleurs décèdent, probablement de paludisme. Accusé, l’Allemand est fait prisonnier. Il réussit à s’évader en 1899. Mais il est trouvé mort. Suicide ou assassinat? La question reste entière.

Les autorités coloniales ne veulent rien savoir. L’armée allemande investit le village en 1900. Le chef se réfugie dans la forêt. Après neuf ans de résistance et de clandestinité, il se rend aux Allemands.

Dans la foulée, les objets d’art sont récupérés comme butin de guerre, notamment. C’est dans ce contexte que la « reine Bangwa » se retrouve dans les collections des riches familles allemandes.

Aujourd’hui, la « reine Bangwa » est la propriété du Musée Dapper de Paris. Elle continue de recevoir les honneurs et la gloire des personnalités et d’anonymes en Occident. Alors qu’elle suscite la plus grande indifférence au sein du peuple camerounais.

Publicité
Commentaires
Prisma Canal International
Publicité
Prisma Canal International
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 701 290
Publicité