Conflits : Quatre cent mille enfants soldats dans le monde
En signant, le 10 mai, un accord avec le gouvernement tchadien, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) s'engage à mettre un terme au recrutement et à l'utilisation sauvage des mineurs dans les rangs des armées de 30 pays.
Après l'avoir fermement nié, le gouvernement tchadien reconnaît enfin que des mineurs servent dans les rangs de son armée, comme la presse et les Ong, témoins des combats contre la rébellion dans l'Est du pays, l'affirmaient depuis des mois. "Le gouvernement s'est engagé à libérer ces enfants des conflits armés", a déclaré à l'Agence France presse, le secrétaire d'État tchadien aux Relations extérieures, Moussa Djida Outman.
Une récente enquête de l'Unicef a permis de dénombrer 400 enfants de huit à onze ans au sein de l'armée tchadienne. Selon les organisations humanitaires, ceux-ci ne forment que la " partie émergée de l'iceberg " dans un pays qui a connu récemment des vagues de violences dues à diverses rébellions tout autant qu'au débordement du conflit du Darfour. Ce phénomène reste d'actualité, pas seulement sur le continent africain.
L'Organisation des Nations unies (Onu) indique que plus de trois cent mille (300000) enfants sont exploités dans plus de 30 conflits à travers le monde. La Cour pénale internationale (Cpi) considère le recrutement d'enfants soldats comme un "crime de guerre". Des garçons et des filles sont enrôlés, de force ou de leur plein gré, par les forces gouvernementales et les groupes armées. Ce recrutement peut être le résultat d'une manipulation ou s'expliquer par des facteurs tels que la pauvreté et la discrimination.
Si beaucoup prennent part aux combats, principalement placés en première ligne et utilisés dans des attaques suicides, d'autres sont utilisés comme porteurs ou domestiques, à nettoyer les armes, faire la cuisine ou apporter le thé, ou comme espions, messagers... Les jeunes filles, très souvent à des fins sexuelles. Certains doivent également poser ou enlever des mines terrestres… Les nouvelles armes, qui sont légères et simples à utiliser, permettent d'armer plus facilement les enfants avec un entraînement réduit au minimum.
Le Protocole facultatif
Le Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés, qui est entré en vigueur le 12 février 2002, constitue une avancée importante, puisqu'il renforce la protection juridique des mineurs et contribue à empêcher leur utilisation dans les conflits armés.
L'âge minimum de participation directe aux hostilités, fixé à quinze ans dans la Convention relative aux droits de l'enfant et dans d'autres instruments juridiques, est porté à dix-huit dans le Protocole facultatif. Par ailleurs, ce dernier interdit que les moins de dix-huit ans fassent l'objet d'un enrôlement obligatoire dans les forces armées et exhorte les États parties à relever à quinze ans l'âge minimum de l'engagement volontaire.
L'entrée en vigueur du Protocole facultatif représente un grand progrès pour les enfants, mais elle ne résout pas le problème des atteintes aux droits humains que subissent quotidiennement des milliers de soldats mineurs. Elle devrait simplement être perçue comme une avancée importante dans un processus qui passe par la ratification généralisée et l'application systématique du Protocole facultatif.
Repères
Pays employant des enfants soldats
Afghanistan, Algérie, Angola, Birmanie, Burundi, Bosnie-Herzégovine, Colombie, Cambodge, Érythrée, Ethiopie, Fédération de Russie, Liban, Liberia, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iran, Irak, Mexique, Népal, Ouganda, Ouzbékistan, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou, Philippines, République démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Sri Lanka, Tadjikistan, Tchad, Territoires palestiniens occupés, Timor oriental, Turquie, Yougoslavie
Jean Robert Fouda
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