Le scandale SN Brussels et les limites de la diplomatie camerounaise
Le calvaire vécu récemment par le Camerounais Serge Fosso arrivé à Bruxelles le 26 avril dernier et expulsé violemment du vol de SN Brussels à destination de Kinshasa via Douala puis gardé en cellule à l'aéroport de Bruxelles pendant des heures suite à sa réaction contre les méthodes violentes utilisées par des policiers qui expulsaient une personne du territoire belge, a levé un pan de voile sur l’incapacité de notre diplomatie à dénoncer toute violation des droits des Camerounais de l’étranger.
On ne cessera jamais de spéculer sur les raisons du silence de nos autorités à réagir face à une situation comme celle là et qui n’est pas un cas isolé car, ils sont nombreux , des Camerounais et Africains à subir des violences de tout genre dans les aéroports européens..
Le 21 mars dernier, des Camerounais en provenance de France, Hollande, Espagne en escale en Belgique où, ils avaient pu assister à une scène de rapatriement d’un compatriote menotté et qui avaient manifesté leur mécontentement vis-à-vis du comportement dit –t-on brutal de la police des frontières avaient été retenus par ces derniers pendant des heures et abandonnés dans le hall de l’aéroport après le départ de leur avion. Ces derniers n’ayant pas pu regagner leur avion qui décollait quelques heures plus tard, avaient passé la nuit à la belle étoile abandonnés à eux même. Plusieurs d’entre eux avaient pu voyager quelques semaines plus tard grâce à la contribution de plusieurs camerounais de Belgique
Autre date, autre cas. Arrivé à Bruxelles le 26 avril dernier Serge Fosso a été expulsé violemment du vol de SN Brussels à destination de Kinshasa via Douala et gardé en cellule à l'aéroport de Bruxelles de 11 à 22 heures suite à sa réaction de mécontentement contre les méthodes violentes utilisées par des policiers qui expulsaient une personne du territoire belge.
Que ce soit le cas du 21 mars ou celui du 26 avril dernier, à chaque fois, les autorités
de notre pays ont toujours traîné les pieds sans jamais initier des mesures visant le secours des compatriotes en situation difficile au niveau des aéroports et l’indexation des autorités incriminées dans les différents cas de violations des droits humains des Camerounais décriés ici et là.
Perte d’influence et de considération
Les incidents survenus à Zaventem en Belgique et la façon surtout dont plusieurs Camerounais ont été traités montrent bien la perte d’influence et de considération dont jouissait, le Cameroun il y a de cela quelques décennies. Une source belge avoue ne pas comprendre « comment le Cameroun, un si grand pays d’Afrique centrale ne se préoccupe ni de son image à l’extérieur ni de la protection de ses ressortissants ».
Il est assez étonnant, voire révoltant d’observer une sorte de démission des autorités camerounaises face aux situations récurrentes endurées par nos compatriotes. Nous n’avons jamais vu le ministre des Relations extérieures du Cameroun se prononcer sur des cas similaires. Il en est de même pour les services des ambassades du Cameroun à l’étranger.
Comment parler de satisfaction d’une ambassade dont personne ne peut être certain qu’elle permettra de renforcer la protection et la sécurité des Camerounais ? Pourquoi ne pas envisager des mesures plus fermes, y compris la possibilité de recourir à ”la réciprocité” afin que les autorités policières belges par exemple prennent la pleine mesure des conséquences de leurs actes ? Sous d’autre cieux, certains Etats Africains ne tolèrent pas les actes de brutalités policières sur leurs ressortissants. Nous l’avons vu avec le Sénégal, l’Afrique du Sud et plus proche de nous le Nigeria comme dernier cas de figure.
La diplomatie active du Nigeria
Le 27 mars dernier, 136 passagers nigérians ont été expulsés à bord d'un avion de la compagnie British Airways à Londres parce qu'ils avaient protesté contre le traitement brutal infligé par la police anglaise à un Nigérian en voie de rapatriement.
M. Ayodeji Omotade, celui qui avait été désigné par la police anglaise comme le leader des protestataires a été arrêté puis abandonné à l'aéroport de Londres et interdit de voyage avec la compagnie British Airways.
La semaine dernière, Monsieur Yar’dua le président nigérian a mis sur pied une commission d'enquête. Le ministre des affaires étrangères du Nigeria a également rencontré jeudi dernier le Haut Commissaire de la Grande Bretagne à Abuja pour lui signifier le mécontentement du gouvernement Nigérian vis-à-vis des "traitements inhumains et dégradants" infligé aux Nigérians dans les aéroports londoniens
Au Niveau de Bruxelles, notre représentation diplomatique n’a jamais assisté les Camerounais en difficulté dans les aéroports du royaume de Belgique, le Ministre des relations extérieures a toujours brillé par son silence etc.
De notre diplomatie, nous pouvons conclure à, trop d’occasions manquées, de situations mal gérées et d’opportunités pas du tout exploitées qui ont plongé la diplomatie camerounaise dans une somnolence qui frise l’apathie ou l’inertie.
© Camer.be Hugues SEUMO