Cameroun : L’urgence d’une alternance politique en 2011
L’urgence de parler de la situation désastreuse dont traverse le Cameroun à l’heure actuelle a toujours été nécessaire et le demeure. L’avenir de plus de quinze millions de Camerounais pour peu que l’on veuille bien être honnête se trouve sur une piste d’obstacles bien difficile. Faut-il croire que les Camerounais sont frappés par une sorte de malédiction à la zizyphe ? Dès son accession à l’indépendance, ce pays est confronté à d’énormes crises politiques et sociales préparées par ses dirigeants successifs.
A ce jour, la situation sociopolitique du Cameroun demeure toujours dramatiquement piégée.
Le Cameroun de nos jours ressemble à une monarchie où le chef de l’Etat est le premier citoyen, le premier sportif, chef suprême des forces armées, premier magistrat… Il garde sous sa supervision tous les postes sensibles qui devraient limiter ses prétentions et passions du pouvoir. Le règne est absolu et son unique oreille n’est que celle de son épouse. Cette manière de gérer le pays se fait avec l’aval des complices sur place parmi les hommes d’affaires et les amis de la même cuisine sectaire. L’armée, les services de renseignement, les membres de son groupe sont autant de pilier de ce pouvoir. Le pays est inlassablement conduit à une situation économique catastrophique aux conséquences sociales que l’on connaît.
Avec la fin de la guerre froide, le Cameroun prend dans un climat de forceps social le chemin du multipartisme qui par la suite a donné naissance à un système monopolaire où le pouvoir et l’économie du pays se partagent en un cercle d’amis pendant que 70% de la population croupit dans la pauvreté voire la misère. Quelques mois ont suffi pour que les étudiants de l’université de Yaoundé crient tout haut contre l’avenir bafoué du Cameroun. Beaucoup parmi eux en ont payé pour leur vie et beaucoup le continuent jusqu'à ce jour. Cette répression aveugle des contestataires de la politique de Monsieur Biya a eu le vent en poupe envers les leaders politiques de l’opposition et plusieurs de leurs membres, des cortèges d’activistes emprisonnés, tués, pourtant porteurs d’un véritable projet de société.
En 1992, le peuple jubile, et attend avec espoir que les élections présidentielles viendront balayer le pouvoir sans partage de Monsieur Biya, et lancer de nouvelles bases d’un pays démocratique. Ces élections se sont transformées en un véritable hold up électoral en faveur du pouvoir actuel. La population camerounaise s’est retrouvée encore dans un piège.
Le même scénario de confiscation du pouvoir eut sa consécration avec la fanfaronnade d’élections présidentielles de 1997 et de 2004. L’opposition inerte face à la tricherie électorale, infiltrée pour la plus part par les espions du pouvoir en place, muselée sera aussi prise par le piège de Monsieur Biya.
Actuellement, on remarque l’absence totale de perspective pour le citoyen à qui les décideurs (commerçants de la république) et ceux du pouvoir de Yaoundé, ont confisqué même le droit de rêver ; vivant plus que jamais au jour le jour, heureux de voir venir le soir pour s’endormir dans le délestage de l’Aes SONEL quand il peut, et surpris ou malheureux d’être encore en vie le lendemain au lever du jour.
Nous voici donc avec un peuple et des décideurs de tous bords mus par leurs instincts d’égoïstes calculateurs frappés de plein fouet par des problèmes politiques, économiques et sociaux difficilement surmontables et qui tentent, le mieux qu’ils peuvent, d’y faire face, comme des naufragés en sursis.
Sans toute fois prendre le risque de nous tromper, nous constatons sans peine que les acteurs multiples en présence dans le drame camerounais ne parviennent pas à taire leur intérêt pour se mobiliser et faire face à la situation socio-politique du Cameroun afin de conduire cet Etat vers le progrès pour le bien être social de la population entière sans discrimination et sans distinction.
Pendant que l’on suscite le changement véritable, le Camerounais prie..
Comment un peuple dans cette situation n’arrive pas à se dynamiser pour chercher les solutions qui s’imposent afin d’assurer un avenir merveilleux à ses enfants ? Il serait erroné de croire que le changement viendrait comme un fruit mûri naturellement. Or quand nous voyons ce qui se passe dans ce pays voisin du Tchad, les gens ont tendance à se résigner, à fuir dans la prière, encore que l’unique progrès qu’a connu le Cameroun ces derniers temps est la floraison des Eglises et des sectes, abandonnant ainsi la gestion de la chose publique aux irresponsables sans foi ni imagination. Tout ceci n’est en quelque sorte que la résultante d’un processus de responsabilité individuelle ou collective ancrée dans nos mœurs. Nous sommes tous appelés à assumer toutes ces responsabilités et nous concentrer actuellement dans l’effort de reconstruction nationale.
Le Cameroun est devenu en moins de deux décennies un vaste enclos carcéral, un cimetière de l’élite intellectuelle et de la pauvre population, du moins pour la majorité. Nos écoles ne forment plus que des diplômés sans avenir. Nos routes n’ont plus que de noms, nos hôpitaux devenus de véritables mouroirs. La tricherie, la corruption ont tué la nation. L’impunité s’est installée avec record. Nos parents sont incapables de nourrir leurs progénitures. Leurs progénitures incapables de subvenir à leurs besoins même les plus élémentaires. D’où la tendance à aller rechercher ces besoins chez autrui pour la survie. Cette tare de notre société est un véritable crime contre l’humanité puisqu’elle condamne des êtres doués, pleins de capacité et donc ayant une vocation remarquable, celle de l’être humain à croupir dans la misère.
Croire que l’on pourra se développer et développer les siens sans cette révolution de conscience sous le régime de Monsieur BIYA est un péché contre l’esprit. Il faudra comprendre que le jeu électoral est faussé au Cameroun par sa loi qui est discriminatoire et partisane. Il demeure donc impérieux de s’activer autour d’un réveil de la population pour renverser ce régime impopulaire et irresponsable. La position claire et franche du Code ( Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora) à ce sujet démeure louable
Autre exclusion du régime de Biya, le camerounais de l’étranger n’a pas droit au vote pourtant, il demeure citoyen à part entière. Ce qui constitue une tare pour un régime qui chante la victoire avant même d’aller aux élections. Seule la rue pourra nous donner raison et tout camerounais refléchi devra penser à cette alternative.
Nos leaders politiques dit de l’opposition devront à leur niveau assumer le courage de la parole donnée, ce serait là un premier pas dans la démarche de bona fide, d’honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes et de leur peuple qu’ils souhaiteront diriger : Un petit pas indispensable à la longue marche qui doit suivre.
Que ce soit sur le plan du principe démocratique, de la transparence des élections, de l’éthique ou de la pratique politique, le régime de Monsieur Biya marqué par la répression, la violation des droits humains, la censure, les arrestations arbitraires, l’impunité, n’obéit à aucun critère qui puisse lui donner une légitimité. C’est pour cette raison qu’il ne faut plus croire en ses promesses.
Tout effort de changement qui ne poserait pas d’emblée les problèmes fondamentaux de la révision du code électoral camerounais et de l’illégitimité démocratique du régime de Yaoundé, source de toutes ces corollaires négatives de la société camerounaise entière, se condamne à l’échec.
Rappelons la justesse des propos d’une grande figure de la liberté, Thomas Sankara, à la 39ème session de l'Assemblée générale de l'ONU le 4 octobre 1984: « l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s'il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d'un maître qui prétend l'affranchir. Seule la lutte libère ». Au regard des enjeux géopolitiques du Cameroun actuel, seule la lutte et non les urnes, libérera le Cameroun de la « Gérontocratie » actuelle. Il n’y a point de terroristes, il n’y a que des résistants !
© Correspondance particulière : Janvier Kingué