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12 novembre 2008

Algérie, élection présidentielle: On ne modifie pas une constitution pour perdre les élections

Bouteflika311008275En obtenant 12.911.707 voix, soit 90,24% des suffrages exprimés, Abdelaziz Bouteflika, 72 ans, qui a remporté l’élection présidentielle algérienne de la semaine dernière devançant l’égérie du Parti des Travailleurs Louisa Hanoune (4,22 %), Moussa Touati (Front national algérien, 2,31 %), l’islamiste d’El Islah Djahid Younsi (1,37%), Ali Fawzi Rebaïne (0,93%) et Mohamed Saïd (0,92 %). Ceci a prouvé une fois de plus que l'on ne modifie jamais la constitution pour perdre. Quels enseignements peut-on tirer de cette consultation algérienne ? Plusieurs observateurs de la scène politique algérienne s’attendait à un faible taux de participation, ce dernier dépasse largement celui de la dernière présidentielle : 74,54 % contre 59,26 % en 2004

Des présidents au pouvoir depuis des décennies, l'Afrique en regorge abondamment. On peut citer Paul Biya du Cameroun, Idriss Deby du Tchad, Mugabe du Zimbabwe etc. L'Afrique compte encore de vieux dirigeants qui pensent s'éterniser au pouvoir en modifiant les Constitutions dès qu'ils arrivent à la fin de leur mandat. Cette pratique est devenue l’unique offre politique des dirigeants africains ces dernières années.

Que ce soit au Gabon, où la Constitution a été  modifiée en 2003, avec notamment la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels initialement fixé à deux. Le président Bongo, en fonction depuis 1967, peut maintenant se présenter à l'élection autant de fois qu'il le voudra et procéder comme son collègue Bouteflika.

En Ouganda la modification constitutionnelle est intervenue en 2005 et maintien Yoweri Museveni au pouvoir depuis sa victoire militaire contre le régime en place en 1986.

Au Cameroun, la constitution a été modifiée en avril 2008 afin de faire sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats pour permettre à Paul Biya le chef de l’Etat actuel de se représenter à l’élection présidentielle de 2011.

La Constitution a été modifiée en 2002 en Guinée-Conakry dans l'intention d'autoriser le défunt président Lansana Conté à se représenter aux élections présidentielles à la fin de son second et dernier mandat.

Au Tchad, la Constitution a été modifiée en 2005 et a permis à Idriss Déby de se maintenir  au  pouvoir depuis son coup d’État de 1990.

En Mauritanie, la modification de la Constitution en 1991 a permis à Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya de rester au pouvoir de 1984 à son renversement par coup d’État en août 2005.

Au Burkina Faso, Blaise Campaoré, par un subtil jeu de levée de la limitation du nombre de mandats en 1997, puis de restauration de cette limitation en 2000, reste au pouvoir.

En Tunisie, la Constitution a été modifiée également en 2002 pour permettre au président Zine Abidine Ben Ali de se représenter à l'élection présidentielle de 2004 qu’il a remporté par un suffrage avec 94,48 % de voix  exprimées en sa faveur pour un quatrième mandat.

Et plus récemment en novembre 2008, Le parlement algérien a amendé la constitution pour supprimer la limitation à deux du nombre possible de mandats présidentiels, ouvrant ainsi la voie à un troisième quinquennat d'Abdelaziz Bouteflika. Désormais, avec cette victoire de jeudi dernier, il pourra s'éterniser au pouvoir et au lendemain de son mandat susciter une autre modification de la constitution pour y demeurer

Modificateur_Constitution060608275Que ce soit en Ouganda, au Cameroun, en Guinée Conakry, en Mauritanie, au Burkina, au Gabon, en Tunisie, en Algerie..le peuple n’a jamais été consulté par voie référendaire comme ce fut le cas récemment au Venezuela avec Chavez.

Entachée de fraudes, selon l'opposition, la réélection de M. Bouteflika a été toutefois saluée par Paris et Bruxelles, mais Washington a fait part de sa préoccupation sur les accusations de fraude, sans remettre en cause sa légitimité. Un avertissement clair à M. Bouteflika qui, fort de sa victoire écrasante, peut effectuer des changements à la tête du régime pour améliorer les conditions de vie de la population et démocratiser le pays. Âgé et malade depuis 2005, il doit organiser sa succession qui préoccupe sérieusement les décideurs.

Les observateurs de l'Union africaine, de l'Organisation de la conférence islamique, de la Ligue arabe (présents) n’ont pas encore fait leur rapport. L'élection du candidat sortant Bouteflika en Algérie ouvre ainsi une lueur d'espoir à ceux qui ne savent pas encore qu'on ne modifie jamais une constitution pour perdre aux élections. A qui le tour ?

La prochaine élection présidentielle au Cameroun, Burkina Faso, Gabon, Tunisie etc. ne va pas déroger à cette règle. Les "modificateurs" des constitutions sont assurés d’emporter haut la main leurs scrutins respectifs. La seule équation qui turlupine leurs nombreux conseillers, ce sera de trouver comment tout mettre en œuvre afin que leur joker puisse vaincre sans péril. Faut-il ainsi aller aux élections quand on sait d’avance que les dés sont pipés d’avance ? Question à plusieurs équations qui interpellent ainsi les uns et les autres et donc personne ne pourra refuser d’y apporter une réponse. l'on retiendra pour le cas Algérien que l'Afrique a paradoxalement la particularité d'avoir des présidents inamovibles mais, jusqu'à quand ?

© Camer.be : Hugues SEUMO

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