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15 novembre 2008

Cameroun: L'ADDEC condamne le discours du chef de l'Etat camerounais à la jeunesse

ADDEC290908275Le récent discours de Paul Biya, président de la république du Cameroun à la jeunesse a-t-il réveillé la conscience patriotique des jeunes au Cameroun? L’ADDEC, une association de la défense des droits des étudiants nous a fait parvenir ce jour un communiqué signé de son secrétaire général MVONDO ESSIGA Patrick dans lequel son organisation s’est senti dit-elle, dans le devoir d’interpeller le chef de l’Etat camerounais sur un certain nombre de questions liées à sa « gestion des valeurs telles que l’intelligence, la compétence, l’égalité des chances pour tous, mais aussi à la gestion de la diversité ethnique et des identités régionales » au Cameroun

Pour l’Association pour la Défense des Droits des Etudiants du Cameroun (ADDEC),  elle demeure attachée aux « valeurs patriotiques et démocratiques ». Selon elle, l’incompréhension et l’indignation entre le président de la république et les jeunes résident dans le fait que la jeunesse camerounaise vit dans un discours « contraste » entre les discours moralisateurs sur la « défense de l’intérêt supérieur de la nation », la « primauté du mérite et de la compétence » ou encore « l’égalité des chances pour tous », d’une part, et d’autre part la réalité d’une politique qui, chaque jour, semble sacrifier ces mêmes valeurs à travers des pratiques vicieuses aux mobiles scabreux. »

Cette organisation estudiantine pense par exemple également que, s’agissant de l’Ecole normale de Maroua évoqué par le chef de l’Etat dans son discours « environ 40 000 demandes d’admission avaient été enregistrées au Ministère de l’Enseignement Supérieur. 2 200 d’entre elles avaient alors été retenues après étude de dossier. Ces résultats ont curieusement donné lieu à une vive contestation des députés issus des trois régions septentrionales du pays, qui ont estimé que le pourcentage des « ressortissants du Grand Nord » (30.09%, soit 662 candidats) admis à l’ENS de Maroua était négligeable et donc inacceptable.

Alors qu’on se serait attendu à ce que, en tant que Chef de l’Etat et garant de l’Unité de la Nation toute entière, vous blâmiez une telle dérive régionaliste en rappelant les « valeurs [républicaines] patriotiques et démocratiques », vous avez choisi, vous aussi, de céder à la tentation ethnocentriste en accédant aux demandes de ces députés du village et en prescrivant au bout du compte l’admission de la totalité (100%) des « ressortissants du Grand Nord » qui avaient frappé aux portes de l’ENS de Maroua ajoute l’ADDEC.

Cette organisation en profite  pour affirmer que pendant que la majorité des Camerounais et la jeunesse estudiantine, tout particulièrement, s’offusquaient pourtant du fait qu’une école nationale vouée à la production d’enseignants qualifiés, et requérant de leur part compétitivité, efficacité, et compétence intellectuelle éprouvée, devienne l’objet d’un chantage aussi vil de la part d’élites villageoises en proie à l’oisiveté politique et intellectuelle, concevant de ce fait l’Etat comme une généreuse machine de distribution de strapontins cache-misère, de personnels administratifs incompétents et superflus. L’adhésion aux vues des « élites du Grand Nord » a donc achevé de semer, dans les esprits, confusion et consternation.

Selon l’ADDEC, l’attente de la jeunesse camerounaise était qu’à l’occasion du discours du chef de l’Etat du 10 février dernier, qu’il explique les « valeurs patriotiques » ou quelles conceptions des principes d’«égalité des chances », de « compétence » et de « compétitivité » ont présidé à l’admission de la totalité des 4952 « ressortissants du Grand Nord » qui, du seul fait de leur origine et par la magie d’une décision politique, ont été ajoutés aux 2 200 « simples » camerounais retenus quant à eux sur la base du mérite »

Selon cette dernière, l’auditoire du chef de l’Etat à l’occasion de la 43è fête de la jeunesse est « hélas resté sur sa faim »   

Elle ne manque pas de critiquer cet acte qu’elle considère comme un acte de « trahison flagrante des « valeurs patriotiques » liées à la défense de l’intérêt supérieur de la Nation et de l’égalité des chances pour tous, à la primauté de l’intérêt général, et à une répartition juste et équitable des ressources nationales. » Elle ne mâche pas ses mots en affirment que « Cet acte pernicieux produit exactement les mêmes conséquences que la corruption et la tricherie » que le premier magistrat camerounais ratifie «  ipso facto, et en contradiction avec ses discours sur la «rigueur et la moralisation »

L’exode et l’immigration des Camerounais trouvent leurs sources dans cette politique « juvénophobe » car, les jeunes n’ont plus de perspective d’avenir dans un « pays-cimetière » lance l’ADDEC à la presse locale

Pour cette organisation estudiantine, l’équation tribale et son érection en unique mode de gouvernement « procède en effet de l’idée saugrenue selon laquelle sans la dévolution de tous les secteurs de la vie publique à une généreuse distribution des rentes, la Nation elle-même finirait par imploser, du fait des guerres de tribus et de villages qui, semble-t-il,  résulteraient du « conflit du manger » qui travaille en permanence la société. »

Une position révélatrice, surtout quand on sait que c’est encore cette jeunesse qui était descendue dans la rue dans les quatre coins de la république lors des émeutes de la faim de février 2008 pour exprimer son ras-le-bol vis-à-vis du pouvoir en place au Cameroun.

L’ADDEC pense également sans ambages qu’en commettant cette grave « erreur politique », le chef de l’Etat camerounais expose les ethnies « au service d’une mauvaise cause ». Elle ne lésine pas sur les moyens pour affirmer que « ce concept baroque n’est donc qu’un alibi pour masquer la confiscation et la prise en otage de la richesse nationale par quelques lobbies ».

L’ADDEC s’insurge dans son communiqué contre le fait que la  collusion entre le chef de l’Etat camerounais avec les députés du village issus du « Grand Nord » semble participer d’une telle logique.

Les députés du grand nord sont également indexés dans cette diatribe car ils n’ont jamais manifesté leur désapprobation vis-à-vis « de la sous scolarisation et l’insuffisance des établissements primaires dont souffrent les gens humbles du Nord. L’eau potable, les dispensaires et les hôpitaux, l’électrification rurale qui manquent tout aussi cruellement dans le Nord – comme dans le reste du pays ».

Ces députés du village n’ont jamais dénoncé l’absence d’une politique d’industrialisation ni de développement de l’agriculture qui aurait permis la création d’emplois dans cette région pour y juguler la pauvreté. Ils sont encore moins préoccupés par le nécessaire reboisement du Sahel et les bénéfices qu’une telle initiative apporterait affirme cette organisation

S’agissant des enseignants du supérieur et se référant du même contenu du discours de Paul Biya à l’intention de la jeunesse camerounaise, l’ADDEC pense que pour l’année académique 2007-2008, le ratio officiel était d’un (01) enseignant pour 53 étudiants dans les universités camerounaises et que cette situation n’a pas été dénoncé par les députés du grand nord

Pour l’ADDEC, le premier devoir à rendre au pays et le service patriotique qu’inspire l’appel du chef de l’Etat camerounais est de « dénoncer avec la dernière énergie, le mode de gouvernement et les pratiques décrites », car, pense t-elle sont porteuses de « germes de déstabilisation et de désintégration de la nation pour laquelle le sang de tant de nos pères a été versé »

En conclusion, l’ADDEC affirme vouloir engager la responsabilité directe du Chef de l’Etat camerounais dans «toutes les conséquences qui pourraient découler de « l’instrumentalisation politique des identités ethno-régionales, notamment dans le domaine du savoir et dans la gestion des institutions universitaires » au Cameroun.

Face à tous ces griefs soulevés ici et là contre le contenu du discours du chef de l’Etat camerounais adressé à la jeunesse camerounaise à l’occasion de la fête du 11 février dernier, elle appelle à « l’ouverture d’un Grand Débat national sur les valeurs qui fondent la République et le vivre ensemble. »

La rédaction

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