Cameroun : Maximilienne Ngo Mbe " Mobilisons pour que le Cameroun change "
Elle est secrétaire général de Prodhop (Solidarité pour la promotion des droits de l’Homme et des peuples) et en même temps, secrétaire chargée du plaidoyer du Redhac qui est le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale. Très active en Afrique, Maximilienne Ngo Mbe, puisqu’il s’agit d’elle donne son point de vue au micro de Camer.be sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique centrale. Cette dernière craint aussi que toute l’Afrique centrale entre dans une spirale de violence envers les défenseurs des droits humains. Lisez plutôt
Bonjour Madame Maximilienne Ngo Mbe, merci de nous recevoir. Secrétaire général de Prodhop, secrétaire chargée du plaidoyer du Redhac, pouvez vous nous présenter sommairement ces deux organisations ?
Bonjour et merci, le Prodhop est une association de défense des droits de l’Homme au Cameroun. Pour le définir, Prodhop signifie Solidarité pour la promotion des droits de l’Homme et des peuples. Il a été crée en 1996 au Cameroun et j’ai été élue depuis 2000 en tant que secrétaire général. Le Redhac quant à lui c’est le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, il a été mis sur pied à Kigali au Rwanda en 2004 où j’ai été élue secrétaire chargée du plaidoyer. Mon rôle dans le Redhac c’est de mener un plaidoyer auprès de toutes les autorités par rapport aux violences que subissent les défenseurs des droits de l’Homme.
Parlant justement du rôle des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique, est ce une tâche facile ?
Cette tâche n’est pas facile. Je commence par dire que dans mon pays le Cameroun, l’on dénombre presque quatre journalistes emprisonnés, ces derniers sont considérés comme des défenseurs de droits de l’Homme. Deux sont déjà condamnés et il faut voir comment les sortir de là. Nous avons à Kigali au Rwanda, un défenseur des droits humains membre du Redhac condamné à 17 ans d’emprisonnement ferme pour des motifs fallacieux et depuis deux ans, je travaille sur ce dossier. Quand on ajoute à cela des pressions de tout genre, le manque de moyens etc. ce n’est pas toujours facile
Vous voulez dire par là que la situation des défenseurs des droits humains en Afrique est menacée…
De plus en plus menacée, oui. .Leur situation en Afrique centrale est ambiguë. Depuis 2004, il ne se passe un jour sans que nous ne recevons un appel urgent nous informant de la violation des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique. Cette situation inquiète surtout avec l’embrasement des conflits armés par exemple au Tchad, au Congo RDC,… Nous craignons de plus en plus que toute l’Afrique centrale entre dans cette spirale de violence envers les défenseurs des droits humains. Néanmoins, nous avons l’espoir avec tout ce que la communauté internationale ne cesse de mettre sur pied comme textes et pressions, peut être un jour, tout ceci devra s’arrêter mais c’est très difficile.
Si nous revenons sur la situation dans votre pays le Cameroun, qu’elle a été par exemple le rôle des défenseurs des droits humains lors des émeutes de février 2008 ?
Les défenseurs des droits humains ont joué un très grand rôle dans la diffusion des informations. Ils ont été tous efficace et ce qui nous a manqué était plus précisément le relais des informations vers l’étranger. Malgré toutes les difficultés, les journalistes par exemple étaient neutres. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains journaux ont été fermés, des journalistes intimidés et c’est peut être pour cela qu’on assiste aujourd’hui à un relâchement de leur part. Un an après les émeutes qui ont secoués le Cameroun, personne n’ose en parler en profondeur et ça se comprend parce que pendant les émeutes ils ont pris à bras-le-corps cette situation et après, ils ont eu l’impression que personne n’ose les soutenir.
Une femme défenderesse des droits des défenseurs des droits de l’Homme en Afrique, qu’est ce qui fait votre force ?
Peut être ce qui fait ma force c’est le fait que je fasse l’identification des problèmes, que je sois objective dans ce que je constate et que je dise en moi-même qu’il faut que cela s’arrête pour que de plus en plus les Camerounais vivent dans la justice, c’est peut être aussi cela. Mais, je puise peut être aussi cette force par le canal de ceux qui me soutiennent comme vous, je parle des journalistes, de la diaspora et des Camerounais de l’intérieure soucieux de l’avenir de leur pays.
Si vous avez des conseils à prodiguer à des personnes qui voudraient embrasser la même carrière que vous, que leur diriez vous ?
Je n’ai pas de conseil à donner à qui que ce soit. C’est difficile et je n’aimerais pas me trouver dans une situation où l’on dira que c’est toi qui est à l’origine du fait que je sois ainsi etc. Chacun doit prendre des risques en fonction de ce qu’il souhaiterait faire. Tant qu’on n’a pas identifié les risques, tant qu’on ne sait pas que les risques qu’on est en train de prendre peuvent nous coûter par exemple la vie, il vaut mieux ne pas s’ériger en donneur de conseil et même de leçon. Chacun est libre de prendre lui-même ses responsabilités
Un dernier mot à l’intension de nos lecteurs ?
Le dernier mot c’est qu’il faut que nous nous mobilisons pour que le Cameroun change. Nous en avons besoin et mobilisons nous dès aujourd’hui et pas demain car, demain il sera tard et nous aurions honte d’avoir vécu.
© Camer.be : Propos recueillis par Hugues SEUMO