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5 janvier 2009

Cameroun : Jean Bosco Talla "Les marches, les motions de soutien ne sont pas des preuves que Paul Biya ne s’est pas enrichi

Jean_Bosco_Talla030709500Jean Bosco Talla est le directeur de publication du journal camerounais intitulé Germinal, journaliste et enseignant de profession. Dans cette entrevue accordée exclusivement à  votre média de proximité en ligne, il revient sur le rapport publié par le Comité catholique contre la faim et pour le développement, la réaction du pouvoir en place au Cameroun et sur le harcèlement voire des manœuvres d’intimidation qui pèsent actuellement sur les différents partenaires du Ccfd.

Une semaine après la publication du rapport du CCFD- Terre solidaire auquel vous avez participé, pouvons- nous accorder du crédit à ce dernier ?

A vrai dire, je n’ai pas participé à la rédaction du rapport. Mais, comme je l’ai dit dans les colonnes du quotidien Le Messager, j’ai pris une part active dans un programme de renforcement des capacités de la société camerounaise soutenu par le Ccfd et par le ministère français des Affaires étrangères et européennes. En l’occurrence, le programme concerté pluri-acteur (Pcpa) qui avait démarré la phase pilote de ses activités au Cameroun en 2005. Le Ccfd, chef de file-France, est donc présent auprès des organisations de la société civile camerounaise (Oscc) depuis cette date, et même avant celle-ci. Nous travaillons comme partenaires depuis au moins cinq ans. Pour être bref je dois affirmer que ce rapport, du moins en ce qui concerne le chef de l’État camerounais, est crédible. Il a été rédigé sur la base des observations faites sur le terrain, des faits et documents qui existent.

Le gouvernement camerounais estime que ce rapport est partiel et partial qu'en pensez-vous?

C’est la position du gouvernement camerounais. En même temps, certains membres du gouvernement affirment que Paul Biya a fait plus de 40  ans dans la haute administration et qu’il est normal qu’il ait des biens. Paul Biya est un citoyen camerounais. Il a le droit, comme vous et moi, d’avoir des biens. Mais, la question est moins de savoir s’il a des biens que de savoir comment il a fait pour acquérir ses biens. Une chose est sûre : Paul Biya est un homme riche. Très riche même. Ses biens ont-ils été honnêtement acquis ? S’est-il enrichi sur le dos de l’État ?
Des preuves existent qu’il a eu à prendre des libertés avec l’argent de l’État. Remémorez-vous les déclarations de son Gourou Raymond Bernard et d’Alfred Sirven, ex-patron d’Elf, devant la justice française, pour ne prendre que ces deux exemples. Le premier avait affirmé qu’il avait reçu de Paul Biya, l’équivalent de 7 milliards F CFA, non dévalués, par le biais de la Société nationale des hydrocarbures (Snh). Et comme l’avait si pertinemment fait remarquer Mongo Beti, avec cet argent, on pouvait monter 700 petits dispensaires de villages, à raison de 10 millions de FCFA par dispensaire, et sauver au moins 100 enfants par an de la mort par la malaria. Les propos de Raymond Bernard et d’Alfred Sirven n’ont jamais été démentis par le principal intéressé. Ces deux cas sont largement suffisants pour que les Camerounais demandent à leur président de rendre compte.

Les marches, les motions de soutien ne sont pas des preuves que Paul Biya ne s’est pas enrichi sur le dos de l’État. Et si Paul Biya veut montrer qu’il est au dessus de tout soupçon, qu’il déclare ses biens conformément à l’article 66 de la Constitution du 18 janvier 1996. Le gouvernement et le Rdpc ne disent que des balivernes.

Est-il vrai que toutes les personnes ayant pris part ou contribué  à ce travail sont victimes de menaces ?

Je  récuse l’expression « ayant pris part »,  comme je l’ai dit précédemment. Mais, ce sont certains partenaires du Ccfd, en l’occurrence Jean-Marc Bikoko et moi, qui font l’objet de harcèlement et de manœuvres d’intimidation.

Parlant justement de votre cas, comment est ce que vous vivez cette menace ?

Je suis bien préparé, physiquement et psychologiquement, pour affronter ce type de manœuvre. Nous sommes conscients des risques que nous encourons. Dans le dernier courriel que j’ai reçu ce jour, 02 juillet 2009 à 16 :53 :42 , mon interlocuteur anonyme, visiblement un poltron qui ne peut travailler que dans l’ombre, me menaçait de mort en me faisant comprendre que je peux ameuter tout le globe, mais que « cela n’a jamais amené Zongo ni G. André Kieffer en vie ». Vous savez, au Cameroun nous vivons dans un contexte où quelqu’un peut mourir parce qu’il lui manque 500 FCFA (moins d’un euro) pour acheter une nivaquine pour soigner le paludisme. Cela veut dire que nous sommes dans une situation où il faut choisir entre la vie et la mort. Face à cette unique alternative, il vaut mieux mourir au front, la plume en main. D’ailleurs, le champ de l’histoire du Cameroun est couvert de sang. Mon sang versé aujourd’hui par suite d’un assassinat ne serait que 6 petits litres versés dans un océan de sang. Même si je suis prudent, la perspective d’un assassinat ne me fera jamais quitter le Cameroun pour laisser le champ libre à ceux là qui ont confisqué notre patrimoine commun. C’est un choix risqué. Je l’assume fièrement.  Vous comprenez pourquoi nous nous définissons comme étant des talibans de la lutte contre la corruption au Cameroun.

Avez-vous pensé solliciter les organisations de promotion et de défense des droits de l'Homme du Cameroun et des organisations internationales à propos ?

J’ai informé les amis et les confrères sur place au Cameroun. Nos partenaires sont également informés de notre situation. Ainsi que des compatriotes vivant à l’étranger.

Pour revenir sur ce rapport, certaines organisations des camerounais de la diaspora pensent qu'une plainte contre Paul Biya serait salutaire pour le pays. Partagez-vous cet avis ?

Personne n’est au dessus de la loi.

Un dernier mot à l'intention de nos lecteurs  ?

Le destin de nos démocraties tropicalisées dépend de nous. Au Cameroun, nous vivons dans l’ère de l’indigence politique. Celle-ci est devenue l’art de mépriser, de détruire et de tuer alors qu’elle doit être l’art de gouverner. De plus en plus, notre dictature sortie des urnes se parent des oripeaux de la démocratie. Elle a réussi à inoculer dans les cerveaux de la plupart d’entre-nous, le venin paralysant de l’impuissance et de la résignation. Aujourd’hui, nous nous accommodons de l’ignominie et sommes devenus, par notre silence, complices de ceux qui ont confisqué notre patrimoine commun et nous tiennent captifs de nos instincts de conservation. Il faut que les choses changent. Le changement est fonction de notre engagement individuel et/ou collectif.

© Camer.be : Propos recueillis par Hugues SEUMO

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K
monsieur meutchedje, permettez moi de vous féliciter pour cette réaction, on ne peut plus claire et responsable. elle donne, s'il en était encore besoin, la preuve que le rdmc est le parti qui, par son organisation et son sérieux, apportera le changement tant attendu par les camerounais. sachez que même au sein du parti au pouvoir comme dans la majorité des partis de l'opposition camerounaise, le rdmc est considéré comme notre bouée de sauvetage. ne dit on pas chez nous que c'est à l'arbre qui porte des fruits que l'on jette la pierre? À preuve, ces attaques tous azimuts dont le rdmc est la cible, ainsi que les tentatives de destabilisation dont il est l'objet. il y a un temps pour tout. cette fois, le glas a sonné pour le rdpc. dites à monsieur mila assouté de tenir bon,nous les camerounais residant en algerie nous te soutenons pour le changement du cameroun pour que nous puisont rentrer au gameroun le peuple est derrière vous pour la victoire en 2011.<br /> je souhaite bon vent au rdmc.
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