Cameroun,Plainte contre Paul Biya : Brice Nitcheu “Le CODE va se constituer partie civile contre Paul Biya et sa famille”

Après la publication du récent rapport sur les détournements de fonds par le « Comité Catholique contre la Faim et le développement », le CODE revient sur la sellette ce jour avec une révélation. Dans un entretien que Brice Nitcheu le secrétaire exécutif du Code a accordé à Camer.be, il revient sur ce rapport et ne lésine pas sur les moyens pour annoncer au sujet des biens mal acquis qu’une plainte initiée par son organisation avec la collaboration de plusieurs organisations internationales et nationales contre Paul Biya pour “recel de détournements de fonds publics est en cours

Dans un document publié le 24 juin dernier, le Comité catholique contre la faim et pour le développement s’intéresse “au patrimoine et à l’enrichissement” des chefs des Etats parmi lesquels Paul Biya est cité. Quelle est la réaction du Code à la lecture de ce rapport ?

Ce rapport ne révèle absolument rien qui nous soit étrange. Le CCFD ne fait que confirmer ce que nous disons depuis des lustres. A savoir que Paul Biya à une curieuse boulimie pour l’argent qui doit être congénitale, puisque que son fils Frank Emmanuel Biya est sur la même voie. L’adage de « tel père, tel fils » s’applique avec une étonnante précision. Même les collaborateurs les plus proches de Paul Biya ont révélé depuis au moins 20 ans que cet homme est le premier pilleur des ressources de notre pays. Edzoa Titus, qui fut Secrétaire Général de la Présidence et son médecin personnel, avait déclaré il y a quelques années que Paul Biya était le plus riche des Camerounais. Robert Messi Messi, ancien Directeur Général de la Société Camerounaise des Banques, la SCB qui fut un joyau de notre patrimoine économique, a déclaré en 1991 dans une interview accordée à Célestin Monga, qu’il allait souvent personnellement à l’heure d’Adam pour déposer des cantines bourrés de milliards au Palais de Paul Biya à Mvomeka’a, à la demande de ce dernier, et/ou de son épouse, Jeanne Irène Biya, Paix à son âme si elle en avait une. Donc, dès son accession au pouvoir en 1982, Paul Biya s’est lancé à corps perdu dans une course effrénée à l’enrichissement, qui ne s’est pas arrêtée jusqu’aujourd’hui.

Biyiti Bi Essam a fait une communication pour dénoncer selon lui le caractère partial et partiel de ce rapport. Que pensez vous de cette nouvelle sortie médiatique du ministre camerounais de la communication ?

Biyiti Essam est un guignol qui manque de charisme et qui s’exerce sans succès dans l’art de mentir qui fut la marque de Kontchou Kouomegni. On peut pratiquer le griotisme tout en gardant de la hauteur. Toutes les sorties théâtrales de ce ministre confortent chaque jour l’opinion publique dans la conviction que la fin de ce régime est proche. D’ailleurs, faut-il être un sorcier pour savoir que Paul Biya a pillé ostensiblement notre pays? Les preuves sont là, et sautent aux yeux : La SCB était un exemple de réussite qui faisait la fierté du Cameroun, et forçait le respect des autres pays Africains. L’ONCPB, (Office National de Commercialisation des Produits de Base) était une idée révolutionnaire au tournant des années 80, une sorte de coopérative géante qui garantissait à nos paysans des financements en temps de disette. Nos parents y ont placé le fruit de leur sueur, mais il a suffit à Paul Biya moins de 10 ans pour couler ces patrimoines. Nous pouvons citer dans le désordre le Crédit Agricole, le FOGAPE, la Cameroon Bank, l’OCB, la BCD, la SNEC, la SONEL, et j’en passe. Que Biyiti Essam, qui trouve des réponses à tout, nous disent qui, en dehors de Paul Biya, sa famille et ses amis, ont fait tomber ces compagnies, les unes après les autres, comme des châteaux de cartes. Lorsqu’on connaît le rôle stratégique que jouaient ces compagnies dans la structuration de notre jeune économie, il devient évident que Paul Biya a commis un crime qui ne lui sera jamais pardonné.

C’est ce que Paul Biya a fait de l’argent volé qui bat notre imagination. Pendant que nos paysans s’échinent dans les campagnes, et les commerçants, sauveteurs et autres débrouillards se tuent, ou se font tués pour renflouer les caisses publiques, Paul Biya et sa famille y puisent pour la belle vie, le luxe, et le plaisir. Son fils Frank vit dans la douceur feutrée d’une villa sur la Cote d’Azur, loin des drames quotidiens causés par son père au Cameroun. Il est à la tête de plusieurs sociétés, y compris des compagnies offshore, qui lui permettent de faire disparaître les fonds pillés dans les labyrinthes des circuits financiers internationaux. Pendant ce temps, Paul Biya s’offre des avions privés, loue à vie le 6e étage d’un hôtel de luxe, envoie ses enfants fréquenter dans les meilleures écoles en Suisse, les soutirant ainsi du système éducatif délabré qu’il a créé au Cameroun. On comprend très vite que nous avons à faire à une dynastie, qui s’offre les moyens de tenir pour toujours en otage notre Peuple. Les Camerounais ont maintenant le choix d’accepter cette dynastie, ou de provoquer une insurrection populaire pour renverser Paul Biya et sa Famille.

Parlant justement de l’insurrection populaire que vous êtes en train d’évoquer, vous avez annoncé il y a quelques temps que l’année 2009 sera une année décisive pour le Cameroun. Nous sommes en déjà au milieu de l’année, et on ne voit aucun signe indiquant que quelque chose se prépare.

Le ballon d’essai de février 2008 nous a permis de jauger la capacité de réaction de Paul Biya, mais aussi de tester la capacité de mobilisation du peuple Camerounais. La brutalité criminelle avec laquelle Paul Biya a réagi, assassinant plus de 100 jeunes patriotes en 4 jours, nous a donné une indication claire du genre d’organisation et de stratégie qu’il fait déployer. Nous travaillons depuis des mois sur cette stratégie. Et comme vous le savez, nous ne faisons aucun mystère de notre volonté de faire recours à tous les moyens pour empêcher Paul Biya d’être encore à la tête de notre pays en 2011.

Une manière pour vous de dire que le prochain séjour de Paul Biya à Paris à l’occasion de la fête nationale de la France sera perturbé ?

Il ne s’agit pas de perturber. Il s’agit d’une confrontation directe avec un homme qui a ruiné notre pays, qui soustrait ses enfants d’un système éducatif qu’il a détruit pour les envoyer fréquenter en Suisse, et qui envoie d’autres vivre dans les endroits les plus chers d’Europe, avec l’argent des contribuables Camerounais, qui eux n’arrivent plus à envoyer leurs enfants à l’école, ou à les nourrir convenablement, faute de moyens. Nous allons confronter Paul Biya et sa famille maintenant sur plusieurs fronts, car nous sommes convaincus, et avons des preuves pour étayer, que son fils travaille pour lui, et qu’il est entrain de le préparer discrètement pour prendre sa place à la tête de notre pays. Mais avant que Paul Biya n’arrive à Paris, j’annonce ici exclusivement que le CODE travaille en ce moment avec des cabinets d’avocats, qui ont déjà jugé les accusations portées dans le rapport du CCFD assez crédibles pour intenter un procès en récupération des fonds volés aux Camerounais. Nous avons écrit au CCFD pour les informer que nous avons l’intention de verser leur rapport au dossier, avec d’autres éléments que nous détenons. Bien entendu, le CODE se constituera partie civile.

Outre ces actions, nous avons écrit au directeur du Collège Leman à Versoix, ou fréquente la fille de Biya, Anastasie Eyinga Biya, pour qu’il sache qu’il accepte d’inculquer le savoir à un enfant dont la scolarité et le séjour en Suisse sont payés par de l’argent pillé au Cameroun par son père qui a détruit le système éducatif de son propre pays.

Placer symboliquement des scellés sur la «Villa Isis» monégasques de Frank Biya

Au mois de décembre prochain, pendant les fêtes de fin d’année, nous irons à Monaco pour placer symboliquement des scellés sur la «Villa Isis» que Frank Biya a acquis sur l’Avenue Douine, à Roquebrune-Cap-Martin. Nous avons aussi écrit au maire de la ville, Monsieur Cesari Patrick, pour l’informer de notre démarche. Il ne faut surtout pas oublier que Frank Biya est le propriétaire de « Immobilière Sud Azur » une société qui est située au 146, Rue République, à La Farlede, dans le Val. Toutes les acquisitions immobilières effectuées par cette société vont être passées au peigne fin, et nous avons une équipe basée à Nice qui travaille sur ce dossier, car il n’y a pas meilleur moyen de blanchir l’argent sale que de l’injecter dans l’immobilier.

Revenons un tout petit peu sur le prochain séjour du président Biya en France, la section RDPC de France-Nord a publié récemment une communication dans laquelle elle fait état d’une demande d’audience qu’elle a adressée au président Biya, et dans laquelle elle déclare ceci : « La préparation des échéances électorales à venir, face à des organisations qui se mettent en place ici en Europe pour saboter l’image du Cameroun et combattre votre noble action( Président camerounais, ndlr) à la tête de l’Etat, nous a obligé à imager un nouveau mode de fonctionnement du Parti à l’extérieur avec une mise en réseau et une utilisation des moyens appropriés de communication et d’information. Nous souhaiterions vous le présenter directement ». Que vous suggère un tel message ?

C’est vraiment ahurissant de savoir que les membres de ce parti en France, ne sortent de leur longue hibernation chaque fois que pour mettre en cause le CODE, qui selon eux, terni l’image du Cameroun à l’extérieur, et sabote la soit disant noble mission de Paul Biya. La question qu’il faut se poser, et qu’il faut poser à ces futurs détourneurs de fonds de Paris, c’est de savoir qui terni l’image du Cameroun. N’est-ce pas ce parti corrompu qui recrute et forme tous les voyous, délinquants à col blanc et les détourneurs de fonds de la république ? Entre ceux qui pillent, tuent, et réduisent notre peuple à la mendicité, et le CODE qui dénonce ces dérives criminelles, qui terni donc l’image du Cameroun ? Et puis, cher Monsieur, de quelle mission noble parle cette confrérie de pleurnichards ? S’offrir des jets privés pendant que la compagnie aérienne nationale tombe en faillite, envoyer ses enfants vivre à Genève et sur la Cote d’Azur alors que nos écoles n’ont même pas de tableaux noirs, est-ce une mission noble ? Ils sont libres de réserver à Paul Biya l’accueil qu’ils veulent. Mais cette fois-ci, ils auront des graves soucis.

Dans une lettre que vous avez fait circuler, vous annoncez des manifestations à Genève. Vous confirmez ces informations ?

Je confirme. Nous avons informé les autorités Genevoises que les habitants du « Petit-Saconnex » le quartier ou est situé l’Intercontinental, devraient se résigner à nous voir dans les parages chaque fois que Paul Biya descend dans cet hôtel. Sa recréation est terminée. Il doit rentrer s’installer au Cameroun pour voir l’étendu des dégâts qu’il a causés à notre pays. Si le Palais d’Etoudi le hante, il peut aller s’installer chez lui à Mvomeka’a. S’il persiste à continuer de vivre à « Petit-Saconnex » et dilapider l’argent des Camerounais, nous lui conseillons de se rappeler de ce que nous lui avons fait à Londres le 09 mars 2004. Nous n’hésiterons pas un seul instant à refaire la même chose à Genève.

On vous reproche souvent que vos manifestations n’attirent pas des foules. Qu’en dites-vous ?

Le nombre nous importe peu. D’ailleurs, pourquoi les ministres de Paul Biya et les agents plus ou moins obscurs de son parti passent leur temps à diaboliser une organisation qui n’attire pas de foule ? Au mois de mars dernier, c’est Cavaye Yeguie, Président de l’Assemblée Nationale, qui nous vilipendait depuis le perchoir du Palais des verres. Pourquoi tant d’intérêt pour une organisation qui est non représentative donc ? Cavaye Yeguié fait partie de ceux qui ont d’ailleurs commandité l’arrestation de Liman Oumate

« J’ai travaillé avec Liman Oumate »

Est-ce vrai que vous aurez collaboré avec Liman Oumate, qui a été arrêté au Nigeria, et qui se trouve actuellement en prison au Cameroun ?

Nous travaillons avec une variété de patriotes, à l’intérieur tout comme l’extérieur du Cameroun, qui comme nous, pensent que Paul Biya ne pourra jamais organiser des élections libres et transparentes au Cameroun. Oui, nous avons travaillé avec Oumate, ce compatriote courageux, que les Nigérians ont lâchement livré aux bourreaux contre quelques cacahuètes. Nous avons saisi l’ambassade du Nigeria à Londres pour marquer notre désapprobation sur le complot ignoble qui a permis de l’arrêter, car il n’y a aucun accord d’extradition entre le Cameroun et le Nigeria, et il s’agissait la d’une violation grave du droit international qu’on ne peut voir que sous les tropiques. Et nous avons demandé à tous les pays limitrophes du Cameroun de se tenir à l’écart de ce qui se passe chez nous. Tout comme Lapiro de Mbanga, nous considérons que Oumate est un prisonnier d’opinion

© Camer.be : Propos recueillis par Hermann Oswald G’nowa