Cameroun, Biya à l'Elysée: Vers un bis repetita de 30 minutes avec Nicolas Sarkozy ?

Le président français Monsieur Nicolas Sarkozy recevra à l’Elysée, son homologue camerounais Monsieur Paul Biya pour un entretien le 24 juillet prochain à 13h 00. L'information est contenue dans le site officiel de l'Elysée ( La présidence française, ndlr).Le même site Internet nous informe que le Président de la République française aura le 21 juillet 2009 à 13 h 00 un déjeuner de travail avec M. Mohamed Hosni MOUBARAK, Président de la République arabe d’Egypte au Palais de l’Élysée.

Quand nous relisons entre les lignes la symbolique des mots utilisés par l’Elysée pour annoncer ces différents évènements, nous comprenons aisément qu’un entretien supposerait  que les sujets débattus par les deux chefs d’Etats soient traités de façon laconique, contrairement à un déjeuner de travail annoncé avec le président Egyptien qui nécessiterait pour sa part  un approfondissement dans  le traitement des dossiers inscrits  à l'ordre du jour

Cette nuance pourrait également nous obliger à penser à la fameuse date du  26 octobre 2007 quand le président français avait reçu à l’Elysée, son homologue Camerounais Paul Biya pour un entretien de moins de trente minutes au cours de la quelle les deux hommes avaient traités des questions d’actualités, de  la coopération bilatérale etc. comme l'avait indiqué à l’époque M. Biya à la presse accréditée à l’Elysée pour la circonstance.

Que ce soit un entretien ou mieux encore un déjeuner de travail, il faut noter que la présence sur le territoire français du chef de l’Etat camerounais intervient au moment où une vive polémique s'est déclenchée sur l'affaire dite "des biens mal acquis" attribués à Paul Biya et à certains membres de sa famille en France et ailleurs en Europe dans le récent rapport  du Comité catholique contre la faim et pour le développement (Ccfd).

Le fantôme de Laurence Vergne hante aussi la visite de Paul Biya en France. La famille de la française assassinée à Yaoundé en 2007 ayant profité de cette occasion pour lancer une campagne de dénonciation des lenteurs de  l’enquête.

L'enjeu majeur de cette descente présidentielle à Paris risque fort d'être détourné, eut égard à des séries de manifestations organisées autour de la présence de Paul Biya à Paris, par des organisations, mouvements et représentations des partis politiques et de la diaspora camerounaise et qui ont décidé, dès le 21 jusqu’au 24 juillet, d'organiser des manifestations de protestation à la Place d’Auteuil, au Trocadéro, à l’Assemblée nationale etc , pour exiger du chef de l’Etat camerounais «  la déclaration de ses biens, dénoncer  le processus de démocratisation en place au Cameroun, du soutien de la France au régime de Monsieur Paul Biya » etc.

Ainsi donc, avant que Paul Biya ne soit reçu par Nicolas Sarkozy le 24 juillet prochain, le chef de l’Etat camerounais sera buté à une série de correspondances reçue par l'Elysée. Que ce soit celle des camerounais résidant en France, des citoyens français et surtout celle des organisations camerounaises, des Ong françaises etc. La table du président français sera bien garnie de courriers véritables cris de désespoir. Ce qui traduirait à coup sur, sans toute fois prendre le risque de nous tromper d'un interlocuteur que l'on reçoit ayant déjà les grandes lignes des griefs soulevés ici et là.

Afin d’éviter le scénario d’octobre 2007, le président camerounais gagnerait à mieux «  réviser sa leçon » comme le soulignait déjà la semaine dernière dans nos colonnes une correspondance particulière.

On imagine bien que le séjour parisien du chef de l'Etat sera organisé sous haute surveillance, lui qui croyait avoir fait l'essentiel en répondant à certaines exigences de l’Elysée comme le soulignait récemment le quotidien français Le Matin Plus en réorganisant le gouvernement camerounais.

L’on espère simplement qu’avec les griefs soulevés ici et là  dans la kyrielle de courriers reçus par l’Elysée que l’on n’assistera pas à un autre scénario de bis repetita de 30 minutes entre le président camerounais et  Nicolas Sarkozy

© Camer.be : Hugues SEUMO