Belgique: Marie Gisèle Tientcheu " le virus du Sida n'est plus détectable dans mon sang"

Depuis des années, Marie Gisèle Tientcheu est devenue l'icone en matière de sensibilisation et de préventions contre les Mst- Sida au Cameroun et en Afrique. Formatrice en prise en charge psychosociale  des Pvvs (councelling), une maîtrise en philosophie en poche, des multiples participations internationales à des conférences organisées dans les pays africains, sensibilisations des étudiants au Cameroun, artiste détentrice d'un album avec 12 titres etc.Marie Gisèle Tientcheu ne manque pas d’éloge. Elle vit désormais en Belgique où elle continue avec ses activités liées à la problématique du Sida. Nous l’avons rencontré en décembre dernier lors de la journée mondiale du Sida.

Bonjour Gisèle et merci de nous recevoir. Où vit Marie Giselle Tientcheu actuellement?

Bonjour à vous et merci de me donner cette opportunité dans vos colonnes. Je vis à Bruxelles.

Nous venons de célébrer la journée internationale du Sida. Quel regard portez-vous sur les festivités relatives à cet évènement au niveau du Cameroun votre pays d'origine ?

C'est un regard très alarmant au niveau du Cameroun. En 2009, on devrait plutôt assister à un espoir, espoir vers le recul de cette pandémie du Sida. Avec l'arrivée en 2006 de la gratuité des ARV, on s'était senti  beaucoup soulagé mais hélas, quelques temps après qu'est-ce-qu'ils étaient devenus ? Ces médicaments qui sont gratuits sont devenus rares. L'on assiste à des pénuries criardes dans nos hôpitaux. L'on sait très bien qu'un patient qui ne suit pas correctement son traitement est exposé à la résistance. Il ya aussi les centres de distribution des ARV qui sont à l'origine de ce manquement. Pendant qu'on parle de la pénurie des ARV, on les retrouve en vente dans les circuits de distribution de la rue. Selon les rapports que j'ai reçu du Cameroun, cette situation est très alarmante.

Vous qui vivez aujourd'hui en Belgique. Quel regard portez-vous sur la prévention contre les les Vih-Sida comparativement au Cameroun ?

Au Cameroun, les autorités locales donnent l'impression de lutter contre le Vih mais, c'est plutôt la lutte autour du Vih. Généralement lors des fêtes du 1er décembre par exemple, tout s'organise autour d'un tapage médiatique, on invite plusieurs personnes pour des conférences mais, l'on ne fait rien pour les personnes vivant avec le Vih.

En Belgique tel n'est pas le cas, les personnes vivant avec le Vih-Sida sont au coeur de toute reflexion et prise en charge etc..

Sur le flyer que vous êtes en train de distribuer à la population bruxelloise, nous avons lu que vous êtes la présidente de l'association Action Solidaire et membre du conseil d'administration du Cercle des Jeunes Engagés dans la Lutte contre le Sida au Cameroun(CEJES). Comment  parvenez-vous à gérer les différentes tâches qui vous incombent au sein de ces deux structures ?

Je travaille très bien  avec ces deux organisations mentionnées. Il suffit simplement de s'organiser et de savoir répondre efficacement à toutes les sollicitations. Je tiens à souligner que j'étais  très contente car, Action Solidaire m'a fait venir ici en Belgique et finalement, j'ai été élue à la tête de cette organisation à l'issue de la dernière assemblée générale. C'est pour cela que j'adresse personnellement des remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin ont donné un coup de pouce pour que je sois ce que je suis devenu.

Quand vous parlez des personnes qui vous ont donné un coup de pouce pour que vous soyez comme vous le dites vous-mêmes, ce que vous êtes devenu. Vous parlez de qui par exemple si cela ne vous embête pas?

Je pense  au porte parole de Action Solidaire , Marcel Tchangué, à Madame Kemajou Charlotte, à Crabe d'Okola, à Désiré Essono, au Dr Mvondo Mvondo,à Roufaou Oumarou, à Elie Kadji, à Thierry Amoumou,à Calvin Fotué, au député Nitcheu, Madame Claudine Verstraeten, Echevine de l’Action Sociale, du Troisième Age et de la Coopération Nord-Sud à la commune d'Uccle.Je n'oublie pas ceux que je n'ai pas cité dont la liste est longue. Je n'oublie pas aussi le Docteur KIDE François qui a puisé de tous ses efforts pour me sortir de l'état alarmant dans lequel je me trouvais à l'époque car, aujourd'hui, je me trouve dans une situation où le virus du Sida n'est plus détectable dans mon sang.

Quand vous dites que le virus du Sida n'est plus détectable dans votre sang, pouvez-vous nous expliquer cette situation et comment la vivez-vous ?

Il est à noter qu'au moment où je quittais le Cameroun, les médecins avaient dit que ma situation ne changera jamais, où que je sois. J'avais déja passé huit ans de vie avec le Vih et avec des CD4 très bas sans oublier une charge virale très élevée.  Avec les efforts du Docteur Kide mon médecin en Belgique, l'on a constaté lors de mon dernier prélèvement de charge virale que le virus était devenu indétectable. cela veut dire qu'après le prélèvement, l'on ne découvre plus le virus dans le sang. Il s'est enfui en minuscule partie dans les cellules mais, je continue tout de même avec mon traitement. Un cas rare selon les rapports médicaux. Le jour où mon médecin m'a annoncé la nouvelle, j'étais très contente parce que je ne croyais pas. Sur le champ, j'ai pensé  à tous ceux qui ont donné leur temps, leur argent pour me faire venir en Belgique.  Si j'étais restée au Cameroun, je serais déjà morte.

Qu'est ce qu'un bilan CD4 ?

Le bilan CD4 est celui qui détermine le nombre de globules blancs particuliers qu'on appelle lymphocytes T CD4 présentes dans votre sang. Il est un bon indicateur de votre santé générale, de vos capacités de défense contre le VIH et de la progression du virus. Plus votre taux de CD4 est bas, plus vous êtes vulnérable aux infections.

Vous nous aviez dit l'année dernière au cours d'une interview que vous avez dans votre valise une maquette constituée de plusieurs titres musicaux en attente de producteurs. Où en êtes-vous avec ce projet ?

Je m'étais dit à l'époque  et plus précisément au moment où j'arrivais en Belgique, que je devais ouvrir le dossier après la stabilité dans mes activités. Maintenant que mon état sanitaire s'est amélioré, idem pour ma situation administrative, je lance un vibrant appel à tous ceux qui peuvent m'aider  à pouvoir retourner en studio pour mieux arranger ma maquette comportant 12 titres afin de le rendre public. J'avais déjà fait l'essentiel à savoir, l'écriture de mes chansons, les enregistrer en studio.

Vous faites dans quel style musical ?

Je fais dans la variété comportant des rythmes tels le Makossa, le Ben Skin, le Zouk Love, le Rn'b et un peu de reggae comportant des messages forts sur la problématique du Vih- Sida.

Pourquoi des messages forts sur la problématique du Vih-Sida ?

Je me suis dit qu'à travers la chanson on peut mieux véhiculer un message et aussi toucher tous le monde.

Dans le cadre de votre organisation Action Solidaire, avez-vous un projet à court terme ?

Nous voulons de prime abord mettre sur le marché cet album, travailler en synergie avec des organisations qui œuvrent pour la lutte et la prévention contre les Vih Sida au niveau du Cameroun, en Afrique et travailler avec la population belge. Action Solidaire doit travailler longuement avec des associations belges comme nous le faisons déjà.

Un vœu de Gisèle à l'intention de nos lecteurs ?

J'adresse mes meilleurs vœux à tous les peuples du monde, toutes les personnes en souffrance.

Comment faire pour vous joindre ?

Nous sommes joignables par le courriel :  iactionsolidaire@yahoo.fr   ou mieux encore per le canal de notre blog officiel  http://actionsolidaire.over-blog.com

© Camer.be : Propos recueillis par Hugues SEUMO