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28 mai 2010

Epidémie de choléra dans le septentrion du Cameroun, les centaines de personnes décédées nous interpellent

Mort_Cholera190810300La société camerounaise va mal, dit-on. La crise, présente dans tous les secteurs de la vie sociale, économique et politique, est devenue le lot quotidien. En fait, y a-t-il une vie au Cameroun au-delà de la crise sanitaire ? Malaise et tensions sociales, paupérisation insidieuse, insoutenable inconfort de la vie en ville et en campagne, gestion aberrante des ressources naturelles … Le Cameroun est fortement touché par une épidémie de choléra dans le nord du pays. Les autorités recensent déjà  plus de 200 morts, le plus lourd tribut depuis une dizaine d’années ce,  au… 21ème siècle

Nous sommes bel et bien en 2010, dans un pays situé un peu au-dessus de l’équateur, en Afrique centrale : le Cameroun. C'est l'occasion de montrer les difficultés d'un système sanitaire dont le schéma est imprégné dit on par le modèle occidental, mais qui fonctionne dans les conditions de dénuement total à l’image du pays.

Le décalage entre l'image que les populations et les autorités locales ont de la médecine avec le mythe d'un âge d'or colonial et la dure réalité alimente les frustrations diverses face à l’insécurité sanitaire devenue grandissante aux lendemains de la célébration du cinquantenaire de notre indépendance et de notre réunification.

Pour ceux d’entre nous qui ont encore la mémoire fraîche, il ya de cela plus de vingt ans  que nos autorités chantaient en chœur (SANTE POUR TOUS EN L'AN 2000)

Pour reprendre A. Mbog Pibasso in La Nouvelle Expression du 11 août 2010, ce «  slogan creux comme on n’en a l’habitude dans ce pays, qu’on affubla aux Camerounais pendant les deux décennies qui ont précédé le début du troisième millénaire et dont incontestablement tout le monde, y compris les griots de services s’accordent qu’il n’en est rien, même dix ans après l’expiration de cette date jadis prophétique. La réalité du terrain est plutôt effarante, car, même le comprimé de nivaquine qui était gratuitement apporté comme « premier soin » pour un élève ayant chopé le paludisme à l’école n’existe plus ».

Revenons sur le cas du septentrion avec l’épidémie de choléra

Les premiers cas  de choléra avaient été  déclarés au mois de mai 2010 à l’Extrême Nord. Plusieurs journaux en ont fait échos devant le silence de nos autorités locales.

Il a fallu attendre plus de trois mois avec plus de 270 morts afin que le gouvernement réagissent. Preuve que dans ce Cameroun, l’insécurité sanitaire a atteint des sommets. Le pire, c’est qu’on s’y est habitué, imperceptiblement.
Trois mois après… le gouvernement et ses partenaires ont "élaboré un plan d'urgence pour la maîtrise de l'épidémie de choléra dans les régions de l'Extrême-Nord et du Nord"

Le budget prévisionnel pour l'exécution de ce plan jusqu'à juillet 2011 est de près de 2,5 milliards de FCFA (3,797 millions d'euros). Ces mesures étaient supposées être prises depuis le mois de mai et non aujourd’hui.

Seulement, l'argent qui devrait servir à exécuter ce plan de lutte jusqu’en juillet 2011, n'est pas encore disponible affirme une autorité gouvernementale. Le gouvernement dispose d’un peu plus de 250 millions de FCFA. L’organisation mondiale de la santé a confirmé un soutien pour un peu plus de 150 millions de FCFA.

C’est déjà un début positif diront certains. Mais, nous restons convaincus qu’il fallait constituer la riposte large et efficace à cette épidémie de choléra depuis le mois de mai. Toute gesticulation de dernière minute ne pourra que produire ce qu’elle aura causé : L’abandon des bénéficiaires. Faudra t-il toujours attendre qu’il y ait mort d’Homme pour sortir de son ornière ?

A quand le même traitement pour les autres contrées du Cameroun ? Combien sont-ils, nos compatriotes, qui meurent chaque jour  au Cameroun  faute de soins élémentaires, soit parce qu’il leur a manqué de l’argent pour se rendre à l’hôpital, soit  par manque d’hôpital ?

A Maroua, c’est tout récemment que le gouvernement a appellé les populations à creuser des latrines, à bien laver les fruits avant de les consommer...

Nous savons tous, sans toutefois prendre le risque de nous tromper que nombre de villes du Cameroun victimes de l’épidémie de choléra font face à l’insuffisance qualitative et quantitative des systèmes d’approvisionnement en eau potable.

Le ministre de la santé publique doit être démissionné par ses supérieurs hiérarchiques pour avoir attendu pendant quatre mois pour aller s’enquérir de la situation dramatique dans laquelle se trouvent les habitants de la partie septentrionale du Cameroun vis-à-vis de cette épidémie de choléra.

Nos pouvoirs publics ont été rattrapés par des réalités dures et cruelles qui, depuis des mois, endeuillent des familles  sous le regard laxiste, ambiant et l’absence de diplomatie érigés ici en modes de gestion de situation de crises sociales. Il faut bien reconnaître, en effet, que dans le cadre de l’épidémie de choléra dans la partie septentrionale du Cameroun, le gouvernement camerounais n’a pas réagi promptement, même lorsque la réalité sociétale le commandait.

Les épidémies de choléra sont le signe d'une recrudescence de la maladie de part le monde et la preuve que l'accès à l'eau salubre ne s'améliore pas dans les pays pauvres,  affirmait récemment  une experte de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Qu’avons-nous fait pour répondre à ce manquement surtout quand nous savons que les bornes fontaines d’antan ont disparu dans nos cités et nos villages.

Le budget prévisionnel de près de 2,5 milliards de FCFA  pour l'exécution de ce plan d'urgence pour la maîtrise de l'épidémie de choléra dans les régions de l'Extrême-Nord et du Nord jusqu'à juillet 2011 est bien. Faire la même chose dans les autres régions du Cameroun en guise de prévention, c'est davantage bien. Mais, mettre sur pied une véritable politique sanitaire qui tient compte de la situation socio économique de chaque citoyen Cameroun, c'est mieux. Le Ministre de la santé publique, au risque de devenir ridicule dans les années à venir avec ses décisions tardives face à une catastrophe sanitaire, devrait ainsi faire de la prévention active et efficace dans les quatre coins de la république un chantier prioritaire pour son ministère en lui et place des conférences et débats couteux qui ne servent que ceux qui les organisent et qui ne représentent en quelque sorte que des gouffres à sous utilisés à des fins inavoués que nous savons tous. Voilà le Cameroun

Hugues Seumo

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