CRISE IVOIRIENNE : QUE FAUT-IL FAIRE DE CES AFRICAINS LA ?

Avec les dossiers  du Zimbabwe, de la Guinée  et aujourd’hui  de la Côte d’Ivoire,  on se rend compte que certains Africains sont en train de mettre en place un Droit non écrit et dangereux qui autorise  tout  dirigeant africain qui prétend s’opposer aux Occidentaux,  à violer les femmes,  à réprimer les  oppositions, à tuer. Ce prétexte nationaliste  offre également  le droit de s’accrocher au pouvoir. Et si la majorité  de nos populations devait adopter cette  approche hérétique  proposée, cela signifie que  le Prince aurait le droit de supprimer toute vie humaine à tout moment dès  lors qu’il prétend être en lutte  contre les Occidentaux. Mais quelle folie !

Quand des Africains font couler le sang d’autres Africains sur notre sol, et alors même qu’on s’attendait à une  condamnation unanime de tous ces crimes là, d’étranges individus nous conseillent tout simplement de fermer nos yeux et  de nous taire au motif  que l’Occident ne condamne pas tous les crimes. On dit à l’Occident : « Pourquoi ne voir que tels crimes et pas tels autres ? »

Les bérets rouges de Dadis Camara ouvrent le feu à Conakry le 28 septembre 2009, ces africains là nous disent qu’il s’agit d’inventions ou de pures manipulations de médias occidentaux. D’autres plus réalistes affirment de leur côté que les morts sont en  réalité le fait de militaires français ayant tiré sur la foule pour dénigrer ou diaboliser Dadis Camara.

De même en Côte d’Ivoire,  l’Armée de Gbagbo, ses mercenaires libériens et autres miliciens terrorisent les populations, massacrent ou tuent des civils aux mains nues, on nous sert calmement la même chanson : tout cela est faux et archi faux, et ne constitue qu’une  simple  vue de l’esprit des médias occidentaux essayant de diaboliser Gbagbo. Au passage, il est  suggérer  de ne plus jamais écouter ces médias.

Nous aurions pu nous passer de ces écrits  si ces comportements étaient uniquement le fait du citoyen lambda. Que non ! Il se trouve que parmi ces Africains là (certains  ayant  acquis des nationalités occidentales) il y a des intellectuels ou plus exactement de grands  Diplômés. Certains sont en effet pour leur part, des Docteurs en Doctorat, et d’autres encore des Agrégés en Agrégation.

Comment faudrait-il caractériser  un  individu qui un jour, vous recommande  vivement un lien, une vidéo sur une émission de médias occidentaux, et qui le jour suivant, et  sans sourciller, vous déconseille de suivre ces mêmes médias ?

Quand l’ONU et la Communauté internationale trainent à intervenir dans les conflits  sur le sol africain (comme au Rwanda par exemple en 1984), il leur est fait le reproche de laisser une sous-race s’entretuer parce que l’Afrique ne représenterait pas économiquement un grand intérêt pour eux.

Mais il suffit que cette ONU intervienne dans un conflit pour que  ceux-là qui étaient descendus la veille dans les rues pour implorer une Intervention urgente, soient encore les premiers à lui reprocher de ne s’impliquer que  pour dépouiller l’Afrique de ses richesses. Ils n’hésiteraient pas à retourner alors dans la rue pour dénoncer l’Ingérence et scander  le fameux slogan « L’Afrique aux Africains ». 

Ces mêmes iraient jusqu’à  évoquer une orchestration de génocide de la part de l’ONU.  C’est exactement comme si ce  type d’Africain là, manifestant  dans la rue, tenait entre ses  mains une  pancarte avec d’un côté  écrit « OUI A l’INGERENCE » et de l’autre, « NON A L’INGERENCE ! »

Faudrait-il rappeler à ceux-là que c’est avec l’Ingérence de l’ONU que Gbagbo a bénéficié de 5 années supplémentaires au pouvoir ? Un mandat gratuit ? Et ne s’en était jamais plaint ? Là où les autres ne cessaient de revendiquer  des élections rapides ?  Et aujourd’hui, les mêmes Africains, à commencer par Gbagbo lui-même,  invoquent  la souveraineté du pays  pour dénoncer l’Ingérence ? Durant ces dernières années d’ingérence où était donc passée l’intelligence de tout ce monde là ?

Comment peut-on recourir soi-même  aux acteurs extérieurs si c’est pour les accuser d’Ingérence après ? Comment qualifier  ces Africains là ?

Alors même qu’il n’a pas encore fini de dénoncer cette Ingérence et qu’il fait répéter à certains de ces Africains « Halte aux Ingérence étrangères ! », l’autocrate Gbagbo envoie ses émissaires à travers  les capitales (Afrique et Occident) pour plaider la cause de son Pouvoir, et surtout pour tenter d’inverser une Ingérence qui lui est défavorable. De passage à Bruxelles le 22 décembre 2010, son porte parole, Alain Toussaint affirme que la France et l’ONU veulent placer Ouattara au pouvoir !  Comme ci ce sont ces deux là qui avaient  voté. De son côté, le Conseiller Spécial de Gbagbo, le français Bernard HOUDIN s’active ces derniers temps  pour faire entendre la position de son patron.

Si toutes ses démarches  diplomatiques et de lobbying (actuellement  en cours) s’avéraient fructueuses et amenaient la Communauté internationale à un revirement à 180° pour demander à Ouattara de reconnaître la victoire de Gbagbo,  Il est plus que probable (sauf pour les aveugles)que le camp Gbagbo s’en féliciterait et n’hésiterait pas  à lancer au camp Ouattara par exemple : « Même l’ONU reconnait notre Victoire. La Communauté Internationale est avec nous et nous soutient. Vous êtes seuls et êtes voués à l’échec ».

On a même vu une dame, Calixthe Beyala,  défendre plutôt ceux-là  qui chargent et tirent sur des civils désarmés et condamner  le camp Ouattara qui envoie les citoyens dans la rue pour exprimer pacifiquement leur mécontentement, les traitant d’inhumains et d’irresponsables. Dans une logique identique à celle de Biya, elle a essayé de  transformer  les victimes en  bourreaux  et à les diaboliser.

Cette dame pourrait-elle affirmer en France que les Partis, Associations et Syndicats envoyant les gens protester dans la rue sont inhumains, irresponsables, voire criminels ?

Une telle attitude  ne peut que rappeler les déclarations hallucinantes d’un autre intellectuel, le Recteur  Jean Messi, affirmant dans les colonnes du Messager (02 novembre 2005) qu’une Université ne pouvait exister  sans milices !

Qu’arrive-t-il  à ces Africains là ? Ils sont capables de jurer jusqu’à 22 heures que tel dirigeant  s’accroche au pouvoir grâce au soutien français par exemple. Mais il suffirait qu’à 23 heures, il soit annoncé sa démission ou  son renversement  pour que les mêmes vous disent que la France n’en voulait plus et l’a remercié.  Au Niger par exemple, il était  reproché jusqu’à la dernière minute encore à la France de ne pas vouloir lâcher  Mamadou Tandja en raison des Contrats d’AREVA. Mais dès que les militaires ont pris leurs responsabilités pour le chasser,  les mêmes ont dit que la France n’en voulait plus et a comploté avec les militaires.

Ces Africains là sont rigoureusement engagés dans le Combat pour l’Alternance dans un pays, seront les mêmes à être  hostiles à toute espèce d’Alternance dans un autre pays. Ceux qui dans leur propre pays  contestent les résultats proclamés par des institutions à la botte du pouvoir demandent  ailleurs  de respecter les résultats  proclamés par ce même type d’Institutions  à la solde du pouvoir.

Ainsi des partis comme l’UPC et consorts, ayant connu la répression, et qui étaient pourtant respectables, sont aujourd’hui, en train de  soutenir les massacres d’un Assoiffé de pouvoir, au nom d’un Nationalisme africain primaire, voire imbécile.  Ces imposteurs et autres assoiffés de pouvoir qui séduisent  l’imbécilité sentimentale africaine au seul profit d’ambitions personnelles et qui  proclament haut leur « combat » contre la France sont encore les mêmes à confier l’entretien de leurs avions à la France! Allons-nous ici saluer la cohérence et la fidélité à leurs principes de ces militants du parti au pouvoir au Cameroun qui soutiennent l’autocratie de Gbagbo ?      
Même quand un artiste camerounais,  Longuè Longuè, est  impliqué dans un fait divers d’attentat aux mœurs, et qu’une plainte est déposée contre lui par un tiers, eh bien, c’est la France qui est  à nouveau  accusée  de vouloir  taire à tout prix un artiste « opposant »...
Un tel niveau de cécité n’est plus justifiable et sort du domaine de toute compréhension possible. C’est aussi cela qui fait perdre de vue que les Ivoiriens (54% ou 49%) ayant voté pour Ouattara ne sont ni français ni américains, encore moins fonctionnaires onusiens.  Y a- t –il un espoir de changer ces Africains là ? Mais comment les changer ?   
    
Loin de nous toute idée de défendre l’Occident ou la France. Mais  comment peut-on, à tous les coups, les rendre responsables ? L’ONU serait-elle responsable de l’Ivoirité ?   En quelle langue faut-il  expliquer que l’Occident n’a jamais accroché au pouvoir un dirigeant contre son gré ? La France n’est que complice de ces dirigeants qui aiment bien le pouvoir et refusent l’Alternance.

On peut s’opposer à la France et  rejeter  toutes les Victoires trafiquées en Afrique.  Seul un insensé peut croire que le fait de dénoncer un coup de force politique  à ciel ouvert, fait du  dénonciateur un traitre ou un colon : il n’existe pas d’Institution plus  souveraine que le choix du peuple lui-même.
Nous ne terminerons pas ces écrits sans prendre rendez-vous  qu’à l’occasion de la présidentielle de 2011 au Cameroun ou d’autres évènements  en Afrique, on retrouvera inévitablement ces mêmes  Africains là, sollicitant cette fois-ci, l’intervention de  la Communauté internationale pour exercer des  pressions  sur certains gouvernements ou acteurs politiques africains.

En attendant, je pleure face à ce qui s’apparente à de la malédiction. N’est-il pas finalement légitime de penser que tous  ces agissements (y compris de la part des intellectuels) justifient  le classement de l’Afrique, dernière dans le monde ? Les vrais intellectuels d’ailleurs  ont défendu les libertés et fait avancer leur pays tandis que nos « intellectuels » sont enfoncés dans la cécité coloniale et les ténèbres, et plus tourmentés que jamais.

© Camer.be : ITONDE DIBOUA (ZANGALEWA),BELGIQUE