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22 avril 2013

LES DESSOUS DE LA LIBÉRATION AU CAMEROUN DES OTAGES FRANÇAIS

Fabius_Biya160313257

« Une coïncidence frappante ». deux jours avant leur libération, comme par surprise, des médias occidentaux circulaient entre mardi et mercredi dernier des informations selon lesquelles les otages allaient bien, informations confirmées par le récent coup de fil de François Hollande aux présidents camerounais et nigérian qui ont pesé sur les ravisseurs(Lire la dépêche continentale, P8 du 14 avril 2013). Un groupe dont les revendications se fondaient sur des exigences floues et en aucun cas de nature politique.

Deuxième acte, c'est depuis mardi soir dans l'agenda officiel de Monsieur Laurent Fabius ,qu'il devait faire un aller-retour au Cameroun à bord de son Falcon du ministère des Affaires étrangères, nous révèlent la même dépêche continentale. Très tôt le vendredi matin, c'est par le canal des médias français et l'Elysée qu'on apprend la nouvelle de la libération de la famille française de sept personnes, dont quatre enfants, enlevée en février dans le nord du Cameroun par le groupe islamiste nigérian Boko Haram . Une autre étrange coïncidence…Aucun média camerounais ne le signale, ni le site Internet de la présidence de la république du Cameroun.

C'est après le flash en boucle de 9h sur RFI (Radio France Internationale) que la CRTV, radio télévision d'Etat du Cameroun prend le relais. Jusqu'à 11h de la matinée, le site de la présidence du Cameroun est muet.

Pendant ce temps, les médias occidentaux relaient en boucle les informations selon les lesquelles les otages français ont été libérés en Afrique... mais ne prononcent pas un seul instant le nom du Cameroun.

Contrairement aux autres otages français libérés que ce soit en Afghanistan, au Pakistan, au Maghreb etc... Aucun média ne fait allusion aux conditions de détentions des otages libérés au Cameroun et les circonstances de leurs libération

A la stupéfaction des autorités françaises qui, depuis le début de cet affaire, ont tenu à garder le plus grand secret. Persuadant notamment la famille de Tanguy Moulin ainsi que ses proches de ne pas médiatiser la chose. Quelques rares médias, parmi eux RTL, Rmc, étaient dans la confidence.

Personne, au sein de la communauté française au Cameroun inquiète de la récente apparition de cette prise d’otage d’occidentaux dans la partie septentrionale du Cameroun, n’a éventé le secret.

Objectif de la France : ne pas faire monter les enchères autour de leurs ressortissants. Un débat récurrent qui émerge à chaque prise d’otage.

«La France ne cède pas sur les principes, le non-versement de rançons», avait déclaré le président français à la presse, alors que la France compte encore au moins sept de ses ressortissants otages en Afrique.

Si, comme l’affirme François Hollande, la France n’a pas versé de rançon, qu’a-t-elle concédé en contrepartie pour la libération de ces otages ? Comment a-t-elle pu réussir une telle prouesse sans verser ni argent ni sang ? Les ravisseurs, faut-il le rappeler, exigeaient pour libérer ces sept membres d’une même famille, enlevés le 19 février dernier, la libération de membres de leur groupe, prisonniers au Nigeria et au Cameroun. La France et ses alliés camerounais ont-ils satisfait à l’exigence de ces terroristes ?

Reste le rôle joué par les autorités camerounaises, certes gangrenées par la corruption mais qui disposent cependant d’un service de renseignement « corrompu » capable de négocier avec le Nigéria dans le dénouement de cette affaire. Et pour lesquelles, assure-t-on, aucune somme n’a été versée.

L’Etat camerounais n’a pas donné de détails concernant les coulisses des négociations menées depuis deux mois.

Si le Cameroun n’a rien payé en contrepartie, il est alors de son devoir d’expliquer aux Camerounais et aux Français comment cela a été possible pour permettre la libération de ces otages français.

Rançon ou non, il existe d’autres leviers pour peser dans les discussions. Le spécialiste des questions africaines, Philippe Hugon, évoque ainsi "des contreparties" et des "compensations possibles", comme la libération de prisonniers réclamés par les ravisseurs par exemple.

Une hypothèse éludée par Issa Tchiroma Bakary à la presse."Lorsque la vie des otages est en jeu, les Etats mettent à disposition tous les moyens dont ils disposent pour les libérer. Mais cela se décide entre les Etats", a-t-il souligné sur BFMTV, sans confirmer ou démentir un échange de prisonnier et refusant de dévoiler la façon dont cette libération avait été obtenue.

Du côté de la France, cette libération a été obtenue grâce au travail conjoint des services français, nigérians et Camerounais. Ainsi François Hollande a "remercié toutes les autorités qui ont contribué à cette bonne nouvelle". "Le Cameroun et le Nigeria ont permis, à travers les contacts noués, d’obtenir la liberté pour cette famille", a-t-il reconnu.

Tenez, le Cameroun est un Etat hautement militarisé en Afrique centrale et la question que nous nous posons est de celle de savoir comment cet Etat n'a pas pu contrecarrer les preneurs d'otage. Comment expliquer le silence "complice des autorités de la ville de Dabanga" Quel est le rôle du BIR (Bataillon d'intervention rapide) supposé lutter contre les terroristes et protéger les frontières camerounaises ? le BIR est-il complice de ces otages ? Etait ce une forme lifting politique du président Paul Biya au pouvoir depuis plus de trente ans au Cameroun ?

Ajoutons à cela deux autres ingrédients qui vont nous permettre de faire le lien avec la déliquescence de l’Etat : la démission collective de tout effort visant le bien général et la corruption à tous les étages …l’exemple venant de là où il n’aurait dû jamais venir.

L'Etat du Cameroun prend ses citoyens pour des myopes. Tout le monde sait qu'il y a forcement eu remise d'argent ou échange de prisonniers dans ce cas précis. Les ravisseurs n'agissent pas pour rien et ne cèdent pas pour rien.

Ouvrons bien nos yeux, comment prendre des personnes en otages, les maintenir en captivité pendant plus de 8 semaines et les libérer en toute tranquillité ?

Que faire ? Sempiternelle question. De toutes les façons, la France aura du mal à faire avaler la pilule d’autant qu’elle n’en est pas à sa première incartade dans la gestion du dossier des enlèvements.

© Hugues SEUMO

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