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14 juin 2013

France: Le fils de Michel Thierry Atangana implore la libération de son père

CCl Liberation

Ce 14 juin, mon père aura 49 ans. Je ne serai pas à ses côtés pour pouvoir faire ce que beaucoup trouvent si simple et même si banal : une fête d'anniversaire. Mon père nous a quittés, ma mère, mon frère cadet et moi, pour aller travailler dans son pays d'origine, le Cameroun. La dernière fois que je l'ai vu en chair et en os, j'étais âgé de 5 ans et mon frère n'avait que quelques mois.

Ce n'est qu'à l'âge de 17 ans que j'ai pu rencontrer un avocat qui m'a expliqué la situation dans laquelle mon père était plongé. C'est à ce moment-là que j'ai compris que j'avais l'occasion de l'aider pour qu'un jour nous puissions enfin être réunis. J'ai commencé, à la même époque, à pouvoir échanger avec lui, d'abord via des courriers puis, plus récemment, par téléphone. Mais n'importe quel fils comprendra que cela ne suffit pas.

Et pourtant, cela fait seize ans que je dois me contenter de cette relation. Alors, à quel saint doit-on se vouer ? Pourquoi m'avoir arraché mon père alors que nous avions besoin de lui ? Avec ma mère et mon frère, nous nous sommes retrouvés seuls. J'ai dû prendre trop tôt des responsabilités pour aider ma famille, protéger mon petit frère et assurer certaines dépenses avec des petits boulots empiétant parfois sur mes activités scolaires.

Que reproche-t-on à mon père ? Officiellement, d'avoir détourné des fonds publics. Une fable que nul n'ose aujourd'hui continuer de défendre tant elle a été battue en brèche pour faire place à la vérité : mon père a été la victime collatérale d'un règlement de comptes politique à la tête de l'État camerounais.

La justice a été piétinée depuis de nombreuses années. Elle doit être enfin rendue !

La justice doit désormais guider les actions du pouvoir camerounais dans ce dossier. Comment les officiels camerounais peuvent-ils à ce point détruire moralement et physiquement un homme dont ils savent l'innocence ? Comment peuvent-ils, eux qui se plaisent à présenter leur pays comme un allié de la France, maintenir un citoyen français dans une telle situation ? Assez de ces fausses promesses et de ces faux espoirs qui s'apparentent à une forme de torture psychologique indigne ! Assez de paroles ! Rendez enfin la justice !

Que lui reproche-t-on? Il a été la victime collatérale d'un règlement de compte à la tête de l'État

Si cette dernière n'a pas été rendue plus rapidement, c'est aussi parce que la France a fait preuve d'une incroyable inertie pendant de nombreuses années, et précisément jusqu'à l'arrivée d'un nouvel ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain. Grâce à ce dernier, l'assistance consulaire de la France - à laquelle mon père avait droit en tant que citoyen français - a été rétablie. L'« affaire Atangana » est devenue un sujet pour les autorités françaises, ce qui a conduit François Zimeray, l'ambassadeur de France aux droits de l'homme, à rendre une visite à mon père en novembre 2012 et cela a facilité l'implication du président français, François Hollande, dans ce dossier.

Je sais que de nombreuses personnes que j'interpelle sont sensibles aux cas d'injustice. Alors faites en sorte que le cas de mon père soit connu du grand public. Ne pas le faire, c'est laisser un homme aller vers une mort programmée, car, après toutes ces années, j'ai la certitude que tel était le but recherché par ses geôliers. Bien sûr, mon père tiendra bon grâce à sa foi, qui lui permet de rester debout, et grâce à ses enfants, pour lesquels il tient bon. Mais quand bien même il ne se laisserait pas abattre, chaque fils comprendra qu'il n'est pas neutre pour moi et pour mon frère de pouvoir passer avec un père libre le temps que la vie nous accordera.

Lors de sa dernière visite en France, le président Paul Biya avait annoncé que mon père devait attendre le verdict de la Cour suprême. Cette dernière avait six mois pour juger le recours de mon père. Le délai expirait le 4 avril et, à ce jour, le recours n'a toujours pas été enregistré. Mais une chose est sûre : nous n'abandonnerons pas, car nous sommes persuadés que mon père nous reviendra libre, heureux et debout.

Correspondance Eric Atangana Abéga

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M
Ça aurait bien qu’il implore son père de rembourser tout l’argent volé.
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