Belgique, Entrée sur le territoire belge par Zaventem : Un véritable casse-tête chinois

Il est 7h 30 dans le hall abritant les services de la police des frontières à l'aéroport de Zaventem en Belgique. L’affluence des voyageurs qui viennent de fouler le sol du royaume n’est pas celle des grands jours. Ce qui ne met pas un bémol à l’ambiance régnante. Devant les postes de contrôle d'entrée sur le territoire deux postes fonctionnent. Le premier réservé aux ressortissants UE (Union Européenne) et aux Belges et le second aux étrangers.

Citoyenne Camerounaise dont hors Union Européenne, Madame Iguisi fait la file où se succèdent sur les agents de contrôle. Certains usagers avec qui madame Iguisi a voyagé sont contrôlés en moins de deux minutes, d'autres en 15 voire 20 minutes.

A son tour, son passeport est scanné, vérifié puis retenu. Que se passe t-il demande t-elle à l'agent en langue de Shakespeare .. Madame, attendez juste un instant lui répond le policier. Pendant ce temps, la personne suivante est reçue sans gène.

Ce 8 juin 2013, en principe, cette jeune femme, agricultrice et enseignante à Ekondo Titi dans la région du Sud-Ouest au Cameroun, débarque à l'aéroport de Zaventem, à Bruxelles. Elle vient à l'invitation d'une institution belge de Gembloux, qui doit l'aider à financer son projet de fabrication d'huile de maïs dont elle a obtenue l'autorisation d'exploitation des autorités camerounaises. Mais ce jour-là, elle ne la verra pas.

Madame Iguisi, qui a déjà séjourné à une reprise en Allemagne et à deux reprises en Belgique dans le cadre de ses études à la facultés des sciences agronomiques de Gembloux, est renvoyée aussitôt à la case départ par la police des frontières.

Que s'est-il passé?

A l'aéroport de Zaventem, les policiers lui demandent de les suivre, arguant que son passeport pose problème.

En fait, la photo qui figure sur le passeport est bien la sienne mais date de plusieurs années. Aussi, Iguisi s’exprime parfaitement en Anglais. Ce qui a surpris l’agent sans doute..

Les policiers l'interrogent: "Est ce bien vous sur la photo Madame?" Iguisi ne comprends pas, propose aux policiers d'appeler l'institution qui l'a invitée pour vérifier... Rien à faire. L’agent estime que ce n’est pas elle et qu’elle ressemble à une Nigériane du fait de son accent en langue Anglaise

Elle est raccompagnée manu militari dans l'avion qui repart pour Douala. "Ce qui m'a le plus choquée, dit-elle, ce sont les réflexions racistes, du type: "Vous, les Nigérians et les Congolais, on vous connaît, vous êtes tous des fraudeurs."

Interrogé par nos soins quelques semaines plus tard, le porte parole de la Police des frontières assure que le passeport de Iguisi semblait suspect à cause d'une photo "qui ne correspondait pas à l'intéressée". "Faux", répond Iguisi, qui avait déjà effectué un précédent séjour en Europe, muni du même passeport.

A son retour à Douala, Iguisi s'est fait faire un autre passeport, avant de revenir, cette fois à Bruxelles. Les services du Consulat de Belgique à Yaoundé au Cameroun lui ont remis un autre visa puisque l'ancien était du type long séjour avec plusieurs entrées.

Elle est actuellement à Gembloux où elle s'apprête à repartir pour son pays le 15 août prochain.

Cette histoire nous amènent à nous poser des questions sur la qualité des services rendus par les agents de la police des frontières dans les aéroports de l'hexagone. Pour une petite tâche sur la figure due à un accident par exemple survenu après que l'ont ait établi son passeport, même nanti d'un visa, on n'est pas toujours sûr de fouler le sol Européen. Entre temps, les faussaires et les trafiquants de faux visas d’entrée sur le territoire ne sont pas inquiétés… une autre forme d’hospitalité à la belge.

Hugues SEUMO