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15 août 2013

Egypte:Des «Frères», des logiques d’affrontements et répression sanglante

Morts_Nil150813300

Les premiers assauts des forces de l’ordre contre les places occupées par les Frères au Caire étaient prévisibles. S’ils confirment le pire, ils n’empêchent pas de s’interroger sur l’état d’esprit de la confrérie.A ce titre, deux grandes lignes d’hypothèses se dégagent autour de l’attitude que les Frères égyptiens sont en train de camper pour récupérer le fauteuil de leur président élu Mohamed Morsi. La première reposerait sur leur pleine conscience du rapport de force qui prévaut et qu’ils ne devraient pas ignorer. Puisqu’il est évident qu’ils ont en face d’eux l’écrasante majorité du peuple égyptien et tous les moyens de la violence d’Etat (armée et forces de police).

Cette conscience de leur faiblesse et de leur isolement politique aurait pour preuve le recours aux femmes et aux enfants dans les rassemblements. Ainsi, les Frères joueraient leur va-tout, en essayant d’exploiter autant que faire se peut une supposée hésitation du nouveau pouvoir à risquer un bain de sang, en réprimant des milliers de manifestants « pacifiques », déterminés à ne rien céder de leur revendication et chauffés à blanc. L’objectif escompté est de « durer » autant que le permettra le statu quo, théoriquement entretenu par la réticence des civils au gouvernement et par la prise en compte par le commandement des forces armées de l’opinion internationale. Le temps pourrait, selon cette optique, rendre intenable le facteur de nuisance, constitué par le climat de tension, sur l’économie du pays, dont l’activité touristique, et sur le fonctionnement des institutions. Au bout pourrait se présenter l’opportunité d’arracher des concessions beaucoup plus larges que l’offre de rejoindre le processus de réconciliation nationale. En acceptant le fait accompli du «coup d’Etat».
Cette compréhension de la démarche frériste jusqu’au-boutiste se heurte à la réalité d’une situation de non-retour, dictée d’abord par l’intransigeance du vaste mouvement populaire qui a poussé les militaires à intervenir, sauf à laisser une révolution, aux conséquences imprévisibles, tout balayer sur son passage.

Ce qui laisse à penser la certitude d’une réaction populaire encore plus violente en cas de « victoire » des Frères. Alors, il ne sera plus seulement question de ramener à la raison quelques dizaines de milliers de « pro-Morsi », euphémisme de la presse occidentale pour désigner les Frères musulmans, mais affronter peut-être des dizaines de millions d’Egyptiens qui n’entendent pas se laisser déposséder de leur acquis politique. Se profile alors la deuxième ligne d’hypothèses, celle qui repose sur la nature magico-religieuse du comportement des Frères.
De ce point de vue, la perspective d’un apaisement négocié du conflit n’est pas de mise. L’issue violente devient plus qu’inévitable. Si l’on se réfère à l’intransigeance du président déchu, quant à la mise en œuvre de son contrôle absolu sur le pays, les Frères ne croyaient pas à l’alternance au pouvoir, envisageaient de mettre sous coupe réglée la société, et ne peuvent accepter de ce fait de perdre le moyen d’imposer leur diktat, d’inspiration divine, aux Egyptiens.

Céder se transformerait donc en reconnaissance, non seulement d’une défaite contre les ennemis de l’Islam, mais de l’impossibilité consommée de la réalisation d’un « Etat islamique », présenté comme alternative à « l’Etat laïque » en vigueur. Campant sur ces principes, les Frères donnent dans le même temps le change à leurs partisans, sans lesquels ils disparaîtraient de la scène. D’où cette rodomontade, surréaliste, de Farid Ismaïl, un dirigeant de la confrérie : « Le peuple égyptien poursuit sa révolution », un peuple expurgé de la marée humaine qui a déferlé le 30 juin dernier.
C’est pourquoi, de tous les cas de figure, c’est celui de la confrontation qui se dessine le plus. Reste uniquement à savoir les coûts humains et politiques que la répression va avoir. On en a un aperçu sanglant.

Ali Hakimi, Reporters

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