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13 juin 2007

Soudan: Le drame du Darfour

070515darfour_desjardins1_gMon collègue de CBC, Bruce Edwards, et moi avons dû attendre deux semaines à Khartoum, la capitale soudanaise, avant d'obtenir la permission de nous rendre au Darfour. On ne vous explique jamais pourquoi on vous le donne ce permis ou pourquoi on vous le refuse. C'est accordé au compte-gouttes. Nous ne sommes que six journalistes étrangers à l'avoir obtenu au cours des derniers mois : deux Français, deux Américains et deux Canadiens.

On peut certainement présumer que le gouvernement du Soudan, qui est juge et parti dans ce conflit, n'a pas intérêt à ce que le monde sache tout ce qui se passe là-bas. L'autorisation est accordée par le gouvernement central. Mais quand on arrive sur place, au Darfour, les tracasseries se poursuivent : les autorités locales nous interdisent de fréquenter les ONG internationales qui prennent soin des réfugiés et nous obligent à loger à la base militaire des troupes de l'Union africaine, la force de maintien de la paix.

Après un court séjour à El-Fashir, dans le Darfour Nord, nous avons pu nous rendre dans les principaux camps du Darfour Ouest, près de la frontière du Tchad, à El-Geneina. Pour ma part, j'ai trouvé absolument impressionnant de constater que les témoignages des personnes déplacées dans les camps sont en tous points identiques à ceux que j'avais recueillis, ailleurs dans la province, un an et demi plus tôt. Des gens chassés de leur village, familles décimées, femmes violées, maisons brûlées... Et tous et toutes utilisent un mot pour décrire les responsables de ces attaques : les djandjawids, ces milices pro-gouvernementales, arabes, avec ou sans uniformes, souvent à cheval ou à dos de chameaux, qui ravagent tout sur leur passage.

070515darfour_desjardins_gCertaines personnes déplacées étaient là depuis quelques semaines seulement, ce qui indique que les attaques se poursuivent encore aujourd'hui... D'autres étaient là depuis des années... condamnées à vivre dans des conditions misérables. Alimentées par le Programme alimentaire mondial des Nations unies, ces millions de personnes survivent avec des produits de base : céréales, huile, sucre. Pas de légumes, pas de fruits, pas de viande. Et cela dure depuis 4 ans. Et ces gens ne sont pas au bout de leurs peines. Il y a encore d'énormes problèmes de sécurité dans ces camps. Les réfugiés sont souvent attaqués quand ils osent s'aventurer à l'extérieur des camps, ou même dans les camps, la nuit.

Les 7000 soldats de L'Union africaine (UA) n'arrivent pas à assurer la sécurité de ces gens... Eux-mêmes sont victimes d'attaques. Une soixantaine de soldats de l'UA ont été tués depuis le début de cette mission. Au moins huit, pendant que j'y étais.

Les Nations unies ont adopté en janvier une résolution proposant l'envoi de plus de 20 000 soldats Casques bleus supplémentaires pour aider les troupes de l'Union africaine. Mais cette résolution n'est pas contraignante. Et le gouvernement soudanais refuse de s'y soumettre, affirmant que seuls des soldats africains seront autorisés sur son territoire.

Un accord de paix a été signé par le gouvernement soudanais et par un des multiples groupes de rebelles. Cet accord a produit un effet pervers : les rebelles se battent maintenant entre eux parce que plusieurs jugent les conditions de règlement insatisfaisantes. Et le conflit déborde de l'autre côté de la frontière, au Tchad, où les mêmes attaques se produisent dans des villages et dans des camps de réfugiés soudanais provenant du Darfour.

La crise est dans l'impasse la plus totale.Des pressions internationales s'exercent actuellement sur la Chine, principal partenaire commercial du Soudan. La Chine détient un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies.

Sylvain Desjardins, journaliste à l'émission Dimanche-Magazine

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