BUEA- KUMBA : Les chantiers oubliés

Les habitants de Buéa et de Kumba dans la province du Sud Ouest au Cameroun ont pu le constater, depuis bientôt quelques mois, les travaux d’aménagement de la nationale reliant la ville de Buea via Muéa  à Kumba ont été abandonné.

En mars 2007 le premier ministre en personne Inoni Ephraim annonçait en grande pompe la réfection du tronçon routier reliant la ville de Buéa à Kumba  ceci selon ses dires , dans le but de  sortir la capitale provinciale du Sud Ouest d’une certaine décrépitude.

A peine commencé, les travaux de réfection ont été abandonné. La province du Sud Ouest Cameroun en entier n'a pas d'infrastructure routière fiable en dehors de quelques traces de goudron à Limbé. Tout est vieux, même des maisons. Au Sud Ouest, tous les ponts sont menacées d’effondrement. Tous les axes routiers étalent la misère. A tous les niveaux, les caniveaux coloniaux avec des odeurs nauséabondes d’ordures déversent à l’emporte pièce leurs contenus. Les jours de grandes averses, le torrent serpente entre les routes et draine, avec une certaine agressivité, ses eaux souillées.

Le visiteur qui débarque de Douala pour Kumba sera surpris une fois arrivé à l'embranchement Limbe- Buéa et plus précisément à Muéa, que le bitume a disparu. C’est d'ailleurs  le seul bitume qui existe depuis la fin des années 70. Il  s’est véritablement dégradé. 

L'on a vu se souvient un habitant de Muéa des engins défiler au Sud Ouest. On a cru que la physionomie des routes  allait changer. Quelques mois plus tard, les nids-de-poule existant se sont agrandi.

Dans la capitale provinciale du Sud Ouest, tout comme dans d'autres villes à l'exception de LIMBE on  peut compter le nombre de lampadaires qui illuminent les rues. Entre-temps, les agressions se multiplient, des citoyens et même des policiers sont passés à tabac dans la pénombre. La présence des champs de maïs et de manioc le long des routes en rajoute au phénomène d’insécurité, et ne semble pas préoccuper les pouvoirs publics.

"Nous sommes tous abandonnés" affirment un habitant de Kumba qui, pour se rendre à Douala est obligé d'emprunter le train de Kumba pour Mbanga pour enfin se rendre à Douala par autocar. Il en est de même pour ceux qui doivent se rendre à l'Ouest. Il n'y a pas de route. La province du Sud ouest est presque coupée du reste du pays.

Pourtant les 62 km de routes reliant Kumba à Buéa étaient supposés être prêts si l'on s'en tient aux propos du premier ministre au mois de mars passé lors de sa descente sur les lieux . Il faut en moyenne 3 heures de temps  pour parcourir cette distance en saison sèche et en saison de pluie, elle est impraticable.

Le visiteur qui se rend au Sud ouest Cameroun a l’impression d’avoir changé de pays affirme un agriculteur de Muea. Ce dernier ajoute que les routes n'ont plus que de nom.

La  province du sud-ouest du Cameroun est vitale car elle concentre d’importantes ressources dans les secteurs de la forêt, des cultures de rentes et du pétrole. Le secteur agricole, dont la production a doublé en 10 ans, représente l'un des principaux employeurs privés formel et le principal contributeur aux recettes fiscales de l’Etat et, avec l’aide du projet d’appui à l’aménagement forestier financé par l’AFD, la quasi-totalité des sociétés forestières se sont engagées dans un processus d’exploitation durable de la ressource.

Dans cette province, le transport des personnes et des biens est devenu difficile compte tenu de l’état des routes et des ponts. Or, pour l’évacuation des produits vivriers et commerciaux par exemple, les pertes dues à une coupure de la route peuvent être importantes. Les coûts du transport demeure élevé. Une situation qui n'arrange guère les populations qui ont l'impression d'être abandonnés par les pouvoirs publics. A quand la fin  de cette dure réalité ?

Hugues SEUMO