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20 novembre 2007

Cameroun : Daïkolé Daïssala ‘’Remercier Paul Biya’’

Dakol__Da_salaLe président national du Mouvement Démocratique pour la Défense de la République (MDR) est un ex-cadre de la Sotuc. L’histoire de l’homme politique camerounais n’est pas un fleuve tranquille. Il a passé 07 ans derrière les barreaux.  L’un des survivants des prisonniers d’après 06 avril 1984 revient sur ses relations avec Paul Biya.

Vous êtes hors du gouvernement depuis le 7 septembre 2007. Y a-t-il une vie après le gouvernement ?

Quand je suis parti du gouvernement en 1997 pour aller à l’Assemblée nationale, les gens ont dit : c’est la rupture avec Biya. Aujourd’hui, on me parle de mon limogeage par Biya ou mon lâchage. En réalité, il n’y a ni limogeage, ni lâchage.

C’est un contexte où le Mdr est candidat aux élections législatives et municipales du 22 juillet 2007 où il s’en tire avec un peu plus d’une demi dizaine de communes et zéro député. Est-ce que c’est une arithmétique politique qui est implacable pour vous ?

Non ! Je connais des gens qui n’ont pas un seul conseiller municipal qui sont restés dans le gouvernement. Donc, ce n’est pas lié. Le président Paul Biya n’est pas dupe, il sait très bien la situation sur le terrain. Il sait quel est notre poids politique réel dans notre région. Pour les législatives justement, la circonscription où je me suis présenté comporte 4 arrondissements, nous avons eu la majorité dans 3 arrondissements. On nous a attribué 48% dans le quatrième arrondissement. Alors, avec tout cela, on n’a même pas eu droit au partage des sièges et on nous déclare battus. Alors je ne me suis pas donné la peine d’introduire un recours parce que nous étions la cible de ceux qui avaient juré la mort politique du Mdr et de son leader. Ils sont bien connus et ils sont aux endroits où ils contrôlaient tout le processus. Que ce soit à l’AT ou à la justice

Vous êtes de ceux qui ne font pas confiance à la justice à ce point ?

Il y a certainement des magistrats très honnêtes. Mais, à un certain moment, j’ai l’impression que ces magistrats peuvent être des hommes politiques avec tout ce que cela suppose comme parti pris.

C’est pour cela que vous n’êtes pas allé à la justice ?

Oui, c’est pour cela.

Vous oubliez la grande controverse qui a précédé ces élections : la catastrophe de Mbanga Pongo avec ce crash de l’appareil de la Kenya Airways dans la nuit du 5 mai. On vous a vu tout simplement pour la cérémonie des obsèques. Où étiez-vous?

J’étais chez moi, dans le cadre des investitures.

Cela n’était-il pas indécent de continuer de faire de la politique alors qu’il y a une catastrophe ?
Pas du tout. La gestion d’une catastrophe ne relève pas de l’individu que je suis. C’est de la gestion d’un ministère. Et un ministère est une structure. Et quand on a créé une cellule de crise, elle fait appel à tout un faisceau de responsabilités, de compétences qu’on amène en conjonction pour mieux gérer la situation. Le ministre des Transports ne pouvait pas se substituer aux autres pour la gestion de la catastrophe

N’avez-vous pas de remords…

Pas du tout. Ce n’est pas moi le pilote ; on n’avait qu’à me demander d’avoir été aux commandes de l’avion. Je me trouve au nord, dans le cadre des investitures de mon parti. Si je n’étais pas resté, mon parti ne serait pas allé aux élections. J’ai un secrétaire d’Etat qui ne se trouve pas loin des lieux, j’ai été réveillé à 4 heures du matin. Tout de suite, j’ai fait appeler ceux de mon département qui étaient censés s’impliquer pour se mettre tout de suite au contact des autres administrations qui sont plus connues. C’est ainsi que j’ai appelé M. Ngoué qui est l’inspecteur général de l’Autorité aéronautique nationale. Et j’ai appelé mon secrétaire d’Etat pour lui demander de rappliquer sur Yaoundé au cas où on aurait besoin de notre intervention sur le plan purement administratif, parce que sur le plan technique, il n’y avait aucune faille.

Avant votre départ du gouvernement, aviez-vous déjà une idée de ce qui a pu se passer, en attendant les résultats des experts ?

Bien sûr. On a retrouvé les boîtes noires. Il a fallu déployer tout notre arsenal technique et on les a retrouvées à temps, malgré tout ce qui a été raconté. Nous savons que c’est une erreur humaine. Puisqu’on voulait incriminer notre administration aéronautique. Au Cameroun, on est plus prompt à se livrer à des fantasmes qu’à gérer sereinement une situation. En matière d’aéronautique, nous n’avions pas le droit de dire des choses tant que tous les éléments d’appréciation n’étaient pas réunis. Donc, nous avons laissé les techniciens faire leur travail. Nous avons retrouvé les boîtes et les avons envoyées pour décryptage à Sarajevo, en Bosnie. Il y a deux boîtes : celle qui enregistre les paramètres de vol (flight data recorder) et la deuxième boîte qui enregistre les derniers mots des pilotes dans le cockpit (cokpit data recorder). On les a retrouvées et cela nous a permis de savoir que le pilote a dit à son co-pilote : “ Attention nous sommes en train de nous retourner, il faut mettre le pilotage automatique pour redresser l’avion ”. Le jeune co-pilote ne l’a pas fait. Ce qu’on a pu entendre au dernier moment c’est “ We are crashing ”. La catastrophe est arrivée. Alors, l’administration camerounaise n’y est pour rien, dans la mesure où on a demandé au pilote de ne pas décoller pendant que le temps est orageux.

Vous êtes maintenant hors du gouvernement. Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de dire que vous êtes à la tête d’un parti que vous gérez seul, qui n’a pas tenu d’instance statutaire depuis belle lurette et est activée seulement lors des échéances électorales ?

C’est votre jugement qui n’engage que vous. Chez nous, nous étions en train de renouveler nos organes de base quand on a annoncé les échéances. Donc, on est en train de nous organiser à notre rythme. Cela ne regarde que notre parti et non les autres. Maintenant, pour revenir à cela, je veux dire que, personnellement, je n’ai pas de remords. C’est l’occasion pour moi de remercier le président Paul Biya de m’avoir déchargé de ces fonctions gouvernementales, si lourdes et si prenantes. Aujourd’hui, je me suis libéré pour m’occuper de moi, de mon village et pour m’occuper de mon parti. Ma seule ambition est de faire en sorte que ceux qui ont fait confiance au Mdr, qui ont placé leur effort de libération dans le Mdr, soient préparés à défendre leur droit de citoyen à tout moment, parce que toutes ces inscriptions soit discriminatoires. Parce que, comme je viens de vous dire tout à l’heure, un seul arrondissement est venu battre les trois autres. Cela peut s’expliquer parce que, à certains endroits, en vous inscrivant selon votre tribu, selon votre religion. Je vous donne un exemple : celui qui s’appelle Aboubakar peut s’inscrire en tant que Bouba, Boukar, Bakary, Boubakary… A lui seul il peut avoir cinq ou six cartes

Malgré tout, vous allez aux élections…

Le boycott ne fait pas du tout partie de notre culture politique. Pour éduquer politiquement les nôtres, il faut qu’à chaque fois, nous participions aux élections.

Vous dirigez un parti qui n’arrive pas à réunir ses instances, son chef qui est inamovible, cet appareil qui n’est secoué que lors des consultations électorales…Sinon comment on aurait gagné les communes ? Nous sommes imbattables là où nous sommes.

Vous êtes revenu au gouvernement après avoir été éjecté en 1997 à la faveur du remaniement du 8 décembre 2004. Mais, entre 1997 et 2003, vous avez changé d’appel au soutien : Samuel Eboua en 1997, et puis Paul Biya en 2004.

Je n’ai pas été éjecté. Il faut le dire avec force. Ceux qui m’ont contacté au nom de Paul Biya pour me demander si je reste au gouvernement ou j’allais à l’Assemblée sont encore en vie. En 1997, il y a un certain Amadou Ali qui était Sg de la présidence qui m’a appelé en me disant qu’il vient de la part du président pour me demander si je vais à l’Assemblée ou je reste au gouvernement. J’ai dit à Amadou Ali que je vais à l’Assemblée pour respecter le mandat que le peuple m’a donné. Les raisons pour lesquelles je vais à l’Assemblée, je ne vous les dirai pas, parce que je ne vous considère pas comme un homme politique. J’ai négocié mon entrée au gouvernement avec le président d’un parti qui s’appelle le Rdpc ; c’est à lui seul que je dirai pourquoi je vais à l’Assemblée. Quelque temps après, le Premier ministre qui s’appelait Musonge m’appelle pour me poser la même question. Alors je lui ai dit que je ne sais pas comment fonctionne votre système. Voilà ce que le secrétaire général de la présidence m’a dit au nom du président. J’ai dit au Premier ministre ce que j’ai dit au Sg de la présidence. Je crois que le président Biya a pris des renseignements nécessaires et puis je ne pouvais pas continuer à rester au gouvernement parce que je voulais continuer à manifester mon mécontentement vis-à-vis du système

Que reprochez-vous au système ?

Le manque total de loyauté. Ils ont commencé par charcuter toutes les circonscriptions dans lesquelles nous étions en situation de force avec des découpages spéciaux. La circonscription des législatives est le département. Mais, nous sommes les mieux implantés jusqu’à preuve du contraire beaucoup plus dans le Mayo-Kani et le Mayo Danaï. On a divisé le Mayo-Kani en deux circonscriptions : tous les Toupouri d’un côté, tous les autres de l’autre. Cela était un manque de loyauté à l’endroit d’un allié. Le Mayo Danaï a été divisé en trois circonscriptions. Vous devinez très bien comment s’est passée la répartition des sièges là-dedans.

C’est cette résistance qui vous emmène à appeler à voter un concurrent à Paul Biya ?

Oui, c’était pour leur dire, mes amis, ce n’est pas comme ça qu’on va continuer à fonctionner. Il faut qu’on fonctionne en toute loyauté. Nous ne vous avons jamais manqué de loyauté. Alors, pourquoi ça ? Il faut dire que M. Biya s’interroge sur la sincérité des actes des personnes qui l’entourent. Le noyau de résistance, le retour du pouvoir au nord, le féodalisme va triompher. Il fallait donc que le président Biya s’interroge sur la sincérité et la positivité des actions menées par ceux à qui il fait confiance. Il devait se poser les questions qui s’imposaient.

Vous croyez qu’il a eu les bonnes réponses ?

Il a eu la bonne démarche qui a conduit à mon retour dans le gouvernement parce qu’il a pu réaliser que ce n’est pas la faute du Mdr, mais des gens de son propre bord. Alors, il nous a demandés de reprendre langue en 2004, ce que nous avons fait. Nous ne le regrettons pas du tout.

Comment on gère ce type de valse d’étiquettes politiques. Un coup avec le Rdpc, un coup avec l’Ufdc…

Les Camerounais se gargarisent d’un mot qu’ils appellent la démocratie, mais ils ne savent même pas comment fonctionne une démocratie.

C’est une insulte aux Camerounais…

S’ils le prennent ainsi, je préfère les insulter que de les laisser dans l’ignorance. La démocratie est un éternel jeu d’alliances faites et refaites. Le jour où nous ne sommes pas contents, on le fait savoir.

Vous êtes revenu dans l’alliance avec le Rdpc en 2004. Jusqu’où pouvez-vous soutenir un allié comme le Rdpc ?

Je n’ai pas d’alliance avec le Rdpc tel qu’il fonctionne-là. Par rapport au comportement d’un personnage qui s’appelle Biya s’il nous appelle pour résoudre des problèmes d’importance nationale comme c’était le cas en 1992 où mon pays était menacé par le chaos, pour dire que je suis suffisamment patriote.

Note de la rédaction : Daïkolé Daïssala reviendra sur la problématique de la modification constitutionnelle dans une prochaine édition.

Source : Equinoxe télévision : Valentin Siméon Zinga

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