Cameroun : Quel bilan pour l’année 2007 ?

L’on s’attend que, comme de tradition, le chef de l’Etat, au soir du 31 décembre, à 20 heures sur les ondes radio et Tv de la Crtv, adresse ses vœux à ses compatriotes, à l’aube de l’année qui commence. A chaque fois, c’est le moment pour le président de la République de dresser le bilan de l’année écoulée et de faire des projections sur l’année nouvelle.

Dans quelques heures, l’année 2007 sera rangée dans les calendes grecques. Les camerounais continuent toujours à attendre de leur président une amélioration de leur quotidien promis en 2006  au lendemain de l’atteinte par le Cameroun en fin avril 2006, du point d’achèvement de l’initiative Ppte.

Toujours dans cette attente, avec le gouvernement du 1er septembre dernier, suite au réaménagement, le président Paul Biya a défini dans une perspective de croissance triptyque les priorités ayant trait à l’amélioration, la stimulation du progrès social et la lutte acharnée contre la corruption. Le message de fin d’année pourrait peut-être permettre au chef de l’Etat de dire, si des progrès accomplis dans la poursuite de ces objectifs autorisent de meilleurs espoirs pour 2008.

2007 était pleine de promesses au Cameroun après qu’il venait d’atteindre son fameux  « Point d’achèvement ». Désabusé par la kyrielle de maux  qui habitent ce pays, l’on a cru que de bonnes perspectives se profilaient à l’horizon. L’on a plutôt recommencé avec les mêmes revers de la médaille et encore pire cette fois, la misère a pris le temps  de construire son nid dans cet océan d’espérance. La quasi-totalité du peuple camerounais  s’est beaucoup plus occupée à une lutte acharnée contre le  combat pour la survie.

2007 qui s’achève au Cameroun aura connu un double scrutin avec pour corollaire la razzia des sièges du RDPC parti au pouvoir aussi bien au niveau des communes que de l’assemblée nationale. Ces résultats ayant inquiétés sans suite l’opinion publique nationale et internationale surtout que le taux de l’abstinence et des faveurs  entretenues lors des opérations de vote ne pouvaient que ragaillardir ses concepteurs

L’autre fait politique majeur important de l’année aura été la vague de motions et de pétitions soulevée au soir de la célébration, le 6 novembre, des 25 ans de pouvoir du président Paul Biya, en faveur d’une révision constitutionnelle, avec notamment la levée de la limitation des mandats présidentiels dont la finalité serait plutôt de renforcer les pouvoirs du président de la République.

2007 aura aussi été une année jonchée de plusieurs accidents de circulations à la fois routières et aérienne au Cameroun. Que ce soit les doubles drames de Njombé et de Bafia, en passant par ceux de l’axe reliant Yaoundé à Douala ou mieux encore Yaoundé- Bangangté, le Cameroun en 2007 a continué à compter ses morts. Les morts également enregistrés à une catastrophe aérienne, celle de la Kenya Airways.

Toujours en 2007, la population locale a encore subit les assauts de nos forces de l’ordre qui, à bout portant ont tué des pauvres innocents sans être inquiétés. L’insécurité a construit son nid au Cameroun où désormais, la vie quotidienne ne se conjugue plus que dans la crainte de vivre.

2007 c’est aussi les  30 mn d’audience accordées par la présidence française à Monsieur  Paul Biya après un tapage médiatique sans pareil autour de cet entretien par les médias publics au Cameroun,  sans oublier son interview sur France 24, qui dans le fond et la forme n’était que l’un des scoop médiatiques parmi tant d’autres  pour faire connaître la chaîne de télévision en panne de téléspectateurs.

En 2007, des soldats tués à Bakassi ont quitté si soudainement des liens terrestres pour pénétrer le secret surréaliste du mystère de la vie, alors qu’ils remplissaient respectivement et  dignement leur tâche sans compter ni leur peine, ni leur effort sur-le-champ d'honneur. Tombés ainsi le drapeau à la main, les morts comme ces soldats et les autres héros de la nation nous interpellent encore plus parce que, pourquoi meurent-ils pour un pays qui ne fait rien pour son peuple ?

En 2007, l’on a aussi assisté à  l’aboutissement de quelques procès, dans le cadre de la lutte contre la corruption et les détournements de la fortune publique avec des sanctions indicibles (10, 15 , 30, 50 ans…) d’emprisonnement ferme pour des personnes déjà âgées qui risqueront de purger le reste de leur peine dans leur tombe.

2007  a été une année difficile pour la communauté camerounaise en Guinée Equatoriale. Des centaines de camerounais ont été massacrés, pillés et chassés de la Guinée Equatoriale devant les yeux inertes de nos dirigeants qui ne se sont « réveillées » qu’au moment où la communauté internationale voulait déjà se saisir de la gestion de la crise.

Moins de quelques heures  avant le message de fin d’année du président de la République, on est  embarrassé et même plus motivé à se cloitrer devant son petit écran à 20 heures comme on le faisait il ya de cela exactement 25 ans.

Néanmoins, le peuple camerounais est demeuré en dépit de toutes les sévisses subies, à la fois amorphe et héroïque dans la recherche de sa pitance quotidienne. Chacun de son côté multiplie les astuces pour vaincre les dédalles de la vie, même s’il faut aller mendier chez le voisin lointain, les plus courageux n’ont pas hésité.

Hugues SEUMO
Camer.be du 30 décembre 2007