Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Prisma Canal International
Pages
Derniers commentaires
Archives
15 août 2008

Cameroun : Woungly-Massaga "Moumié est une histoire qui appartient à l’histoire du peuple"

Woungly_Massaga151108275Africaniste de la première heure, président de plusieurs organisations estudiantines et panafricaniste dans les années 60, il fut nommé à l’époque comme Secrétaire Administratif de l’UPC (Union des Populations du Cameroun, ndlr), il se chargera spécialement des "combattants"  et des agents de liaison. Il est de ceux qui ont connu de près ou de loin Félix Moumié avant son assassinat. Rencontré à Bruxelles le 8 novembre dernier à l’occasion d'une conférence organisée par la Fondation Moumié dans le cadre de la proclamation des lauréats 2008 du prix Moumié, c’est avec plaisir que Monsieur Ngouo Woungly-Massaga  alias Commandant Kissamba, le vétéran de l’Upc et de ALNK (Armée de libération nationale du Kamerun,ndlr) comme il a lui même l'habitude de le dire répond aux questions de Camer.be

Bonjour Commandant, vous êtes à Bruxelles dans le cadre de la proclamation des lauréats du prix Moumié édition 2008. Selon vous quelle est la symbolique de ce prix ?

Bonjour, j’ai été très heureux de constater que mes attentes en répondant à l’invitation de la fondation Moumié n’ont pas été déçues. Moumié est une histoire qui appartient à l’histoire du peuple, c’est un des héros de la nation, c’est un héros reconnu de l’assemblée, mais malheureusement avec les inconséquences  du régime  n’ont pleinement été réellement prise en main par le peuple comme héros national. L’initiative du Prix Moumié pour rappeler sa mémoire à notre peuple et aux jeunes générations est une initiative heureuse et on ne peut  contester à aucun groupe de Camerounais le droit de prendre cette initiative en main parce que ce qui nous bloque, ce sont les possibilités, ce sont les moyens. Donc lorsque des  compatriotes s’engagent pour prendre des initiatives qui vont dans le sens du progrès, de nos idéaux, des idéaux du peuple camerounais, nous ne pouvons que les féliciter. Il n’y a pas de petites jalousies à faire à ce niveau et d’autant plus que j’ai constaté que les choses ont été très bien organisées. La symbolique même du prix a été pleinement remplie par l’événement.

Vous qui aviez connu le Docteur Félix Moumié, pouvez-vous-nous en dire un peu plus le concernant?

J’ai connu Moumié à l’âge de 12 ans, vous êtes sans ignorer que son premier poste a été Lolodorf dans les années 48, 49. A l’époque j’étais jeune mais, l’impact de Moumié était tel que même les tout jeunes savaient qu’il y avait un patriote dans la ville. Il communiquait avec la jeunesse, les fonctionnaires, la population et posait les problèmes de la libération nationale. Dès cet instant, l’adhésion  au combat de Moumié germait dans ma tête de jeune garçon. Après, quand j’étais étudiant à Clermont Ferrand, j’ai eu à communiquer avec Moumié à travers le président de la section de France qui était à l’époque mon camarade et ami Tchaptchet Jean Martin qui m’avait apporté une fois du courrier direct de Moumié qui m’était personnellement destiné. C’est Moumié qui avait demandé par exemple que soit rendue publique la première publication que j’ai faite dans le cadre de la lutte, la réponse à deux questions, c’était  peu avant sa mort. Ce document avait publié par le bureau du comité directeur de l’UPC. Moumié nous galvanisait, c’était un grand patriote africain. Il aurait pu mourir au Congo parce qu’il était aux côtés de Patrice Lumumba en 1960. La situation était tellement tendue au Congo si bien que le putschiste de Mobutu avait même annoncé qu’il allait envoyer Moumié en cadeau de Noël à Ahidjo à l’époque. Nous-mêmes étudiants Upécistes sensibilisés, étions prêts à aller renforcer l’équipe gouvernementale de Lumumba au Congo et c’est pour cet engagement que je crois pratiquement que Moumié a été assassiné. Pour toute la jeunesse du Cameroun ça doit être un exemple très inspirateur parce qu’il était non seulement patriote camerounais, mais il était aussi un internationaliste conséquent car ce sont eux qui ont  élaboré l’idéologie de Bandoeng, l’idéologie de la libération des peuples du  Tiers monde dans laquelle nous sommes jusqu’aujourd’hui.

Aujourd’hui installé au Cameroun depuis votre retour de l’exil en 1990, quel est le regard que vous portez sur la contribution de la diaspora camerounaise au niveau de la lutte de notre peuple ?

Je dois dire que d’une manière générale, je m’interrogeais un peu sur la contribution de la diaspora camerounaise au niveau de la lutte de notre peuple. J’avais l’impression que certains étaient un peu indifférents, qu’il y avait  surtout des fêtes de famille au niveau des différents groupes ethniques mais, j’ai constaté qu’avec le Code, la fondation Moumié etc., que  j’ai à faire à des jeunes compatriotes qui suivent  l’exemple de Moumié et je dois dire que l’appui de ces organisations de la diaspora dont je venais de faire allusion, à la lutte des patriotes à l’intérieure sera très précieux d’autant plus que certains d’entre  ces groupes ont déjà été ciblés par le régime qui a peur d’eux. Ce qui est très indicatifs et je crois que la surenchère de certains dans la contestation de ces droits doit être de la part des Upécistes. Ceci doit être considéré comme ne correspondant à rien parce que ce que  font le Code, la Fondation Moumié est très patriotique et ce que font les autres pour empêcher le travail des uns dans l’engagement aux côtés du peuple font œuvre supplétif du régime du pouvoir tout en se présentant comme des radicaux. J’ai constaté à mon niveau qu’au moment où je tiens une conférence par exemple sur Africa n°1, ce sont des sois disant Upécistes qui se mobilisent pour envoyer des mails, des SMS pour démobiliser les gens. J’ai aussi constaté que pour ce prix Moumié il y a eu également ces agitations. Mais alors, on se demande pourquoi le parti nationaliste fondé par les Um Nyobé, les Moumié s’appelle Union des Populations du Cameroun. Ceux qui veulent en faire la division des peuples du Cameroun, je ne sais pas où est ce qu’ils veulent aller effectivement.

Vous retournez sans doute au Cameroun dès la semaine prochaine. Commandant, avez vous encore des projets dans le cadre de la continuité de la lutte pour notre peuple ?

Je suis engagé, j’appelle tous ceux qui s’opposent au régime de Monsieur Biya  à se rassembler parce que ce que nous avons comme spectacle au Cameroun est désolant. Le chef de l’Etat qui voyage à tout moment, qui installe sa famille à l’étranger, on arrête les gens alors que les biens ne sont pas déclarés. On sait même au niveau de la population que ceux mêmes qui organisent cette soit disant justice qu’ils n’ont pas les mains propres. Tout ceci  donne le spectacle de fin de règne. Je crois que c’est le moment pour les forces patriotiques de s’unir et de s’engager profondément pour sauver notre pays car dernier est pratiquement dans la dérive avec un pouvoir comme celui là.

Un dernier mot ?

J’encourage tous les patriotes de la diaspora à s’engager dans le combat, à appuyer notre peuple sur place car l’avenir nous appartient à nous tous.

© Camer.be : Propos recueillis à Bruxelles par Hugues SEUMO

Publicité
Commentaires
Prisma Canal International
Publicité
Prisma Canal International
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 701 573
Publicité