Les nouveaux esclaves du sport.

Des jeunes athlètes africains de plus en plus exploités par les ténors d’une véritable et inquiétante industrie du muscle. Une autre forme inédite du commerce d’ébène.

A 17 ans, Mamadou gît aux portes de la mort. Mais ses rêves vivent encore. Son visage rayonne toujours à la simple évocation d’une mirobolante carrière dans le football professionnel. A 15 ans, Mamadou, à l’époque attaquant au club camerounais de Tiko United, évoluant en deuxième division dans la province du sud Ouest avait ce qui s’appelle en Afrique le rêve du football. Il comptait évoluer au sein de la sélection nationale des moins de 17 ans.

Après une performance irréprochable au sein de son équipe Tiko United, il aurait été remarqué par l’un des recruteurs qui écument les championnats africains pour trouver de nouveaux talents. Ses dribles séduisants et bien ajustées séduisirent maints recruteurs, mais il se décida pour un agent yougoslave agrée par la FIFA parce qu’il en avait entendu parler de lui « j’ai accepté sans réfléchir ses offres dès qu’il m’a approché »

Ses souffrances vont commencer dès cet instant lorsqu’il sera amené en Suisse. Il signa un contrat d’un an avec une équipe cantonale, juste le temps de se s’habituer à la nouvelle vie qu’il devait mener à l’étranger. Mamadou n’avait pas plus tôt rejoint le club qu’il se blessa grièvement au genou. « C’était en plein hivers et je n’avais jamais connu un temps pareil » dira t-il.

La blessure s’est produite durant une séance d’entraînement. Le club a refusé de payer la note parce que son contrat était stipulé entre son agent et lui. Au début, ledit agent s’occupait très bien de lui mais, quand il avait lui-même constaté la gravité de sa blessure, il l’a abandonné.

Tout espoir semblait perdu quand il rencontra en Suisse Mademoiselle NANDI, une jeune Ivoirienne belle de nuit.. Mais, le pire c’est qu’il s’occupait du ménage, faisait les courses et se devait de satisfaire sexuellement la belle pour en retour recevoir des soins idoines. Grâce à l’aide de Nandi et à l’aide des médecins, sa jambe est guérie.

La plupart des clubs en Suisse ne veulent pas l’engager parce qu’il n’a pas de permis de travail. Pour obtenir un autre contrat, il faut qu’il retourne au Cameroun afin d’obtenir un nouveau visa. « Mais je ne peux pas rentrer. Tous ceux que j’ai laissé au pays ont bien évolué et m’a famille attend beaucoup de moi ».

Les cas similaires sont nombreux en Europe

Des centaines de sportifs africains tombés aux mains de ces agents vivent des expériences similaires. Pour chaque Drogba, Eto’o, Okocha ou Souleymanou qui semblent vivre le rêve européen, il y en a des milliers qui sont déçus, bloqués dans une situation désespérée et qui sont au bout du suicide. Ce sont les nouveaux esclaves contemporains.

Les raisons principales qui poussent ces joueurs sont l’état de décrépitude des championnats nationaux, des joueurs sans soutien financier acceptable, des fédérations africaines qui laissent les clubs rompre impunément leurs engagements avec des joueurs.

Roger Milla , ancienne vedette du football mondial explique : De nombreux joueurs africains ont vu leur carrière ruinée parce qu’ils ont été exploités.
Dans une interview réalisée jadis par Robert Schoeur et publié dans La tribune du 16 mars 2004, Bernard Lama, ancien gardien de but de l’équipe française de football, avait fustigé l’attitude de certains de ces agents de football car selon lui, le règlement de la FIFA exige en effet que les agents internationaux agréés par la FIFA déposent une garantie de 200 000 francs Suisse.

La coupe d’Afrique des nations de football a toujours été une foire surnommée une « foire aux bestiaux ». C’est au cours de cette compétition continentale que beaucoup de locaux sont drainés dans les championnats européens. Mais depuis les années 90, la plupart des équipes qualifiées utilisent en majorité des footballeurs professionnels évoluant hors de leur frontière. Lors de la CAN 2006 , sur les 352 participants, 225 évoluent en Europe.

Il devient de plus en urgent pour la FIFA de bien assainir la tâche de ces agents car, en tout footballeur, repose l’espoir d’une nation, d’une famille. Si rien n’est fait, nous risquerons d’évoluer vers une autre nouvelle forme d’esclavage.

Nadège Dinou S.