Assemblée monolithique ou royaume du Cameroun ?

Il y a de cela un peu plus de trois mois, le CODE (Collectif des organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora) depuis Bruxelles avait attiré l’attention de la communauté nationale et internationale sur la configuration future de l’assemblée nationale camerounaise à l'issu du double scrutin du 22 juillet passé. Aujourd’hui, l’histoire est en train de donner raison à Brice Nitcheu et son groupe qui ont de si tôt détecté la volonté manifeste du régime en place de se maintenir au pouvoir.

Avec les résultats glanés ici et là par le RDPC sur toute l’étendue du territoire camerounais, cette nouvelle configuration donne lieu à une Assemblée monolithique, avec à l’épicentre un seul groupe parlementaire paré aux couleurs des flammes du RDPC. Juste de quoi modifier à leur guise la constitution du cameroun et prolonger le mandat de Paul Biya au pouvoir depuis 25 ans.

Dans quelques jours après la validation de ces pseudo résultats par la Cour Suprême, le Cameroun doit revivre une assemblée nationale monolithique, car désormais les autres partis représentés ne seront plus que des figurants qui finiront selon toute vraisemblance à former la majorité.

L’opposition institutionnelle du moins la majorité, qui siègera à l’hémicycle de Ngoa-Ekelé n’aura pas le pouvoir de décision à cause de sa minorité en deçà de la moyenne, même fusionnés. Toutes les décisions prises par le RDPC, bonnes ou mauvaises, seront forcément consommées, nonobstant quelques contestations de cette minorité. L’heure est actuellement favorable à  une autre  démocratie fictive, une démocratie figurante qui n’est en réalité que la copie conforme d’une monarchie absolue.

Ceci était d’ailleurs prévisible à partir du moment où la proposition de révision de la Constitution faite par le RDPC a été rejeté en bloc par les autres parlementaires, y compris les alliers mêmes de la majorité parlementaire. Le RDPC a donc compris qu’il fallait désormais compter sur lui-même. C’est pour cela qu’il a tout mis en œuvre pour détenir la majorité écrasante à l’Assemblée. Ainsi donc, toutes ses propositions de loi passeront avec ou sans le gré de ses con-paires.

En clair, la révision de la Constitution tant souhaitée par le RDPC pourra enfin avoir lieu ; révision qui viserait à réduire le mandat présidentiel de 7 à 5 ans et à permettre au Président Biya de se re-présenter une fois de plus à sa propre succession en 2010… Voilà à quoi ressemblera le Cameroun post-électoral, le Cameroun de demain, un Cameroun dont l’avenir est à jamais confisqué entre les mains d’un individu (roi), qui se fabrique chaque jour des victoires certes, mais qui rendra compte certainement, même dans la tombe dans le royaume qu’il aura crée devant les yeux larmoyants et calculateurs  d’une opposition institutionnelle qui a échouée sur tous les plans.

Albert Ntigwo

Prisma International