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20 août 2007

Un journaliste fait l'apologie de la barbarie tandis que les Camerounais sont abandonnés à eux-même en matière de sécurité

Le_Messager"Homosexualité: Des présumés homosexuels arrêtés à Douala. Ils ont été déférés au parquet du tribunal de première instance de Douala – Bonanjo, après une sévère bastonnade à la gendarmerie." C'est le journal Le Messager du 03 septembre qui nous livre cette information.

Le journaliste Honoré FOIMOUKOM, auteur de l'article cache à peine sa sympathie pour les méthodes barbares des forces de l'ordre : "après un copieux passage à tabac sur les pandores, l’un d’eux lâche le morceau. Il révèle, sous le coup de la bastonnade, ...", "Bien fouettés [sic!] eux aussi...".

On dirait que ce que les Gendarmes font subir à ces malheureux compatriotes lui donnait l'occasion de laisser libre cours à ses tendances sado macho et de prendre son pied en écrivant son article.

Qu'on puisse ainsi dans Le Messager faire l'apologie de la violence policière est grave et marque un recul net du combat pour l'état de droit et le respect de la dignité humaine au Cameroun. Signe particulier de cette dechéanche morale : on ne se cache même pas, on peut écrire publiquement que les policiers et gendarmes fouettent, bastonnent et passent à tabac les personnes en garde-à-vue sans provoquer un lever de bouclier.

Qu'un journaliste du Messager fasse ainsi l'apologie de la barbarie est proprement un scandale. Ce journal a été à la pointe de la lutte pour la Liberté et l'avenement d'un Etat de droit au Cameroun dépuis 28 ans. Beaucoup de ses journalistes, en commençant par Pius Njawé lui-même, ont souffert dans leurs chairs des brutalités policières.

Ce qui reste sur le carreau c'est une fois de plus la dignité humaine, et l'espoir de voir certaines pratiques disparaître de l'arsenal repressif au Cameroun. Le reflexe de la violence, de torturer, humilier et d'infliger de la souffrance physique est encore encré profondement dans le subconscient d'une large faction de notre société.

Le colon allemand, puis français et anglais avait fait du fouet et de la bastonnade un instrument privilégié d'humiliation et de terreur contre les populations camerounaises. Bien souvent l'exécutants des basses oeuvres était un autre africain, affublé d'une tenue de tirailleur. Les regimes néo-coloniaux qui lui ont succedés ont conservé et même perfectionné cette technique sauvage. Pour terroriser et étouffer toute velleité de revolte.

Même en ce début du 21ème siècle la chicotte fait encore partie des instruments de travail standard dans nos postes de police et de gendarmerie. En fin de compte par pur sadisme, car en matière de sécurité aucun gain n'est à constater. Au contraire.

Dimanche j'ai appelé un de mes cousins à Ngaoundéré pour savoir comment il a préparé la rentrée des classes de ses six enfants. Mais au lieu de se plaindre comme d'habitude des prix des fournitures scolaires, il m'accueille avec le thème de l'insécurité.

"Nous avons attrapé un voleur de chèvre en flagrant délit et l'avons immediatement amené au Commissariat de Police. Et devine ce que les policiers nous disent? Ils ne peuvent pas garder le malfrat parce qu'il leur est interdit de le frapper. S'ils touchent à un seul de ses cheveux "les gens des droits de l'Homme"[sic] les accuseraient de violer les droits du voleur. Alors ils ne peuvent pas le garder". Une demi-heure après leur retour au quartier, une banlieue de Ngaoundéré, le voleur était de retour, libre comme l'air. Un signal clair pour tous les malfrats qu'ils peuvent détrousser les honnêtes citoyens sans avoir à craindre quoi que ce soit de l'autorité publique.

J'ai demandé à mon cousin pourquoi il ne se sont pas adressés directement au Procureur de la Republique pour se plaindre. Il m'a rit au nez.

Pas convaincu qu'on ne puisse rien faire j'appelle un ami à Douala pour lui demander e qu'il en pense. Il me raconte l'histoire d'un groupe de commerçants qui ont fait justice eux-même an battant presqu'à mort un voleur pris en flagrant délit. Ils l'avaient d'abord amené à la Gendarmerie mais parce que le voleur était blessé les Gendarmes leur auraient demandé d'aller d'abord le soigner avant de le ramener au poste et de porter plainte.

Ainsi va ce Cameroun de Biya, si "paisible" : on oppose Droits de l'Homme et justice, Droits de l'Homme et respect de la dignité humaine.

Le chemin est encore long.

Roufaou Oumarou,

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