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24 novembre 2007

Dakolé Daïssala : ‘Aujourd’hui, 90% des gens d’une certaine région ont de faux diplômes...au Cameroun.’’

Dakol_Selon le président du MDR, les appels incessants à la modification de la constitution du Cameroun est le fait des personnes à la mémoire courte. Pour étayer ses propos il renvoie les analystes à l’avènement du multipartisme au Cameroun au début des années 90.   

En revanche, si on vous demandait de soutenir une initiative de révision de la constitution visant à lever la limitation des mandats, la soutiendriez-vous ?

C’est un problème qui, actuellement, ne regarde que leur parti. Ça ne me regarde en rien du tout. Mais s’il devenait d’actualité poignante, au point d’interpeller tous les Camerounais, là je dirai que ça devrait faire l’objet d’un débat démocratique et dans le cadre d’un Etat de droit, c’est-à-dire qu’il s’agit du destin du Cameroun, de tous les Camerounais et non l’affaire d’un parti, d’une tribu ou d’un clan quel qu’il soit.

Et vous défendriez quelle position ?

Je défendrai la position de la raison. C’est que la raison indique à chaque leader politique de maîtriser un certain nombre de paramètres et de valeurs. On ne fiche pas l’histoire d’une nation ou d’un peuple pour des considérations d’intérêts strictement personnels. Et à ce titre là, je crédite le président Biya d’une intelligence de situation qui l’amènera à répondre aux siens en leur apportant la réponse qui s’impose à sa conscience.

Vous attendez quelle réponse ?

Je ne vais pas me prononcer à sa place. Est-ce que j’ai le droit de me substituer à lui ? Le jour qu’il sera interpellé, il devra répondre. Je rappelle à tous ceux qui s’agitent de se rappeler de la réponse à Paul Biya après les marches contre le multipartisme. Il a donné la réponse qui allait dans le sens des aspirations de son peuple.

Vous croyez savoir les aspirations du peuple ?

Dans une démocratie apaisée, dans un climat public sain, on n’a pas besoin de ce genre de gymnastique, on laisse les institutions fonctionner normalement. Mais s’il y a crise, mais c’est tout le monde qui sera interpeller pour l’apprécier pour dire dans quelle direction il faut donner les orientations à nos institutions, pour faire face à la crise. Mais, on parle beaucoup de Paul Biya, parlons aussi de potentiels candidats. Si le vide politique persistait jusqu’en 2011, il faudrait bien se poser des questions. C’est pour cela que, dès aujourd’hui, que ce soit les gens du nord là-bas, les présidentiables du nord dont on cite souvent les noms, je leur dits qu’il est temps de se démarquer de façon un peu plus positive, c’est-à-dire de se mettre à l’école de la modernité au lieu de s’enfermer dans des valeurs féodales, parce que le Cameroun n’est pas là pour ramer à contre courant. Qu’ils sortent un peu de leur confusion en matière de religion. Dans le domaine politique, on n’est pas dans le domaine religieux. Qu’ils aillent dans leurs mosquées aux heures qu’ils veulent, mais qu’ils ne confondent pas le fonctionnement de l’Etat avec le fonctionnement de leur chapelle religieuse. C’est un appel que je lance aux candidats du nord. Ceux du sud, on me parle du G11, je ne sais pas ce que c’est, mais je dis que ces gens là sortent un peu de leur carcan, du corset que représente le tribalisme primaire. C’est-à-dire que le Cameroun est une co-propriété. Il appartient à tous les Camerounais. Alors que ces gens-là se mettent un peu sur les hauteurs qui leur permettent d’avoir une vue panoramique des problèmes du Cameroun.

En septembre 2003, vous signez avec quelques autres figures exposées du grand nord, un document intitulé : “ Mémorandum sur les problèmes du grand nord ”. Alors pourquoi avoir attendu 2003 pour des problèmes qui, manifestement, se posaient avant 2003 ?

Il y avait une opportunité. Il y avait un certain nombre de choses qui se passaient et qui n’étaient pas normales et qui avaient pris de l’ampleur, même si elles existaient avant. Par exemple, quand un ministre de la Fonction publique dit qu’il ne s’occupe que des compétences, comme pour dire qu’il n’y a que des gens compétents pour entrer à l’Enam ou dans une autre école donnant lieu au recrutement à la fonction publique, il pourrait se trouver que dans une seule région, c’est très dangereux. La fonction publique du Cameroun doit être le reflet de toute la nation camerounaise, sinon avec tous les doctorats en tricherie que nous enregistrons dans d’autres coins du Cameroun, vous vous retrouvez avec une fonction publique uniquement composée des gens de cette région là. Il y a un Cameroun, avec différentes composantes, il faut en tenir compte. Que la fonction publique camerounaise soit le reflet de la nation camerounaise toute entière. Aujourd’hui, 90% des gens d’une certaine région ont de faux diplômes, ce n’est un secret pour personne.

Vous connaissez cette région ?

Vous la connaissez mieux que moi et les autres Camerounais le savent. Quand un don est fait au Cameroun et dans le cadre de la scolarisation, il est de notoriété publique et nationale que c’est quand-même le grand nord et l’est qui sont les moins scolarisés et quand on vous dit que tout va dans les coins déjà hyper scolarisés par rapport aux réalités du Cameroun et quand il n’y a pas de professeurs. Tous les lycées et collèges fonctionnent au nord Cameroun dans des conditions absolument lamentables et constatant que la chose prenait de l’ampleur, et bien sûr quand on parle du nord, le gens ouvrent la boîte à fantasmes comme si on demandait aux gens du nord : Existez, soyez nordistes mais qu’on ne vous entende pas. Mais, jamais on n’acceptera une telle condition.

Qu’est-ce qui reste d’actualité dans ce document ?

Tout reste d’actualité, c’est-à-dire que le problème du développement équilibré du Cameroun reste posé. Si on parlait justement des voix du nord, il faut bien que ces gens-là intègrent de telles aspirations. On reconnaît que les Bamiléké posent leurs problèmes, que les anglophones posent leurs problèmes, que les Essingan existent. Mais, dès que trois personnes du nord se réunissent, c’est terminé, on parle. La dernière chanson qui nous a été servie tout récemment est que les gens du nord se sont retrouvés pour revendiquer le poste de Premier ministre.

C’est faux ou alors c’est légitime ?

Si jamais ils voulaient l’avoir, ce serait légitime. Qu’est-ce que ça me fout, excusez moi de la trivialité du terme, que Amadou Ali ou Marafa soit Premier ministre ? Ça change quoi aux problèmes du nord ? Au contraire, ça nous enfonce davantage parce que le combat n’est pas à ce niveau, le combat de la représentativité réelle du nord.

Il se pose encore ce problème de représentativité du nord ?

Il faut que les gens du sud sortent de ces clichés réducteurs. Que nos compatriotes apprennent à connaître le Cameroun et à aimer le Cameroun dans sa globalité, mais pas de façon scissionnelle parce que ce n’est pas normal. Pourquoi les Beti n’applaudiraient pas quand on nomme un Bamiléké à un poste. Pourquoi voulez-vous que le Toupouri applaudisse quand on a nommé un bornois à un poste. Ça change quoi à sa condition. Le nord Cameroun est une entité importante de ce pays mais qui se conjugue dans la même diversité que la nation camerounaise toute entière. Les gens restent, par paresse intellectuelle, dans les schémas laissés par l’ancien régime qui présentait le nord Cameroun comme un bloc monolithique autour d’une religion qui est loin d’être celle de la majorité. Alors, pourquoi enfermer les gens dans ce genre de schémas réducteurs.

S’il vous était donné de réécrire le mémorandum, vous le réécrirez dans quelle sens et comment ?


Celui qui existe doit rester le catalogue de doléances du grand nord en terme de développement équilibré de la nation.

Dès votre entrée dans le gouvernement, Hamadou Moustapha comme ministre chargé de missions à la présidence, et vous-même comme ministre des Transports, on a cessé de vous entendre sur la question…

Ne nous prenez pas pour des enfants. Quand les Bamiléké écrivent pour dire qu’ils sont sous représentés dans le gouvernement, vous voulez qu’ils passent tout leur temps à ne dire que ça ? Et puis, qui vous a dit que le mémorandum est un parti politique. Je suis Mdr, Moustapha est Andp… vous pensez que mon entrée au gouvernement peut m’empêcher de dire ce que je pense ? Vous m’avez défini au départ comme un homme libre. Ma religion est la liberté. Mon credo politique est la liberté, ma morale sociale est la liberté.

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous avez instrumentalisé une cause noble à des fins politiciennes ?

Vous ne pouvez pas vous plaindre d’être marginalisés et refuser d’être associé à la gestion des affaires publiques. Vous n’allez pas nous demander de nous investir aux côtés de ceux qui ne savent même pas ce qu’ils veulent parce qu’on aurait bien pu voir Dakolé marcher auprès de Fru Ndi ou bien de Ndam Njoya sur l’informatisation du fichier électoral. A ce moment là pour moi, compte tenu des aspirations de ceux que je représente, le problème était mal posé. Le problème n’était pas au niveau de l’informatisation. Le problème était au niveau des inscriptions sur les listes électorales. Il faut que tout le monde s’inscrive et que la discrimination cesse.

Vous ne trouvez pas de corrélation entre l’informatisation et les inscriptions ?

Si on informatise le fichier tel qu’il existe avec tous les dysfonctionnements, toutes les irrégularités, on aggrave mon problème, le problème de mon peuple. Alors mon combat n’était pas ça.

Pendant que vous travailliez sur ce mémorandum, il y a un autre de groupe des compatriotes du grand nord qui s’échinait à disqualifier votre démarche pour dire qu’il n’y avait pas de problème du tout…
Nous leur en sommes reconnaissants. Par des démarches mensongères et maladroites, ils ont donné plus d’amplification à ce mémorandum qui continue à faire problème pour vous autres. C’est tout le temps que les gens reviennent dessus. Ce n’est pas en posant le problème de cette façon que ça découragera qui que ce soit si jamais il y avait des revendications justes à formuler au nom du nord Cameroun.

Vous êtes leader d’un parti politique qui a prétention à une assise nationale. Ce n’est pas un peu réducteur de vous associer à une démarche essentiellement régionaliste ?

Quel parti au Cameroun n’est pas régional et n’est pas sectaire ?

Vous auriez pu vous démarquer…

Je ne suis pas prêt à me démarquer pour faire plaisir aux autres qui s’organisent autrement. Qui va défendre mon petit peuple ? Quand on écrase mes paysans dans la vallée de la Benoue au nom d’une certaine société agro-industrielle de la Benoue, quel homme politique du Sud a pu s’associer à la défense de nos pauvres paysans. Vous n’allez pas me demander de m’associer aux gens tout simplement pour leur faire plaisir alors qu’ils défendent des intérêts qui leur sont propres. Je défends les intérêts qui sont propres aux miens. Et ceux-là, si on doit cheminer ensemble, on le fera quand chacun aura pris en considération les intérêts de l’autre, pour qu’on en fasse un instrument de combat pour le salut de tous… Nous avons la tâche de bâtir la nation. L’amour de la République commence par l’amour du village. Alors comme on est une association de villages, de tribus, de communautés diverses, ayons l’intelligence de nous comprendre les uns et les autres pour mettre ensemble nos aspirations pour sortir enfin quelque chose de globalisant.

Qu’est-ce que vous revendiqueriez-vous aujourd’hui comme résultat de l’action qu’avait cristallisé la dynamique autour de ce mémorandum ?

La construction des écoles, le pont de Makabaye. Maintenant, on pense à tout le monde quand on fait des projets sur tel ou tel secteur, même si le partage n’est pas toujours égal. Mémorandum ou pas mémorandum, les gens savent que les Camerounais sont partout les mêmes et qu’ils sont capables de réaction quand leurs intérêts vitaux sont écrasés.

Note de la rédaction : Dans une prochaine édition Daïkolé Daïssala reviendra sur la tentative de coup d’Etat évoqué par Yaoundé contre les institutions.

Source : Equinoxe télévision : Valentin Siméon Zinga

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