Belgique : Enfin la naissance d'un gouvernement intérimaire après six mois de crises
Après 192 jours dont exactement six mois de crise, le Premier ministre sortant Guy Verhofstadt a finalement obtenu un accord sur un gouvernement intérimaire chargé de gérer le royaume et de préparer la grande négociation future entre Flamands et Wallons sur l'avenir de la Belgique.
Le libéral flamand, qui avait été nommé "formateur" du gouvernement il y a neuf jours à peine par le roi Albert II, a réussi là où le démocrate-chrétien flamand Yves Leterme, grand vainqueur des élections du 10 juin dernier, avait échoué.
Ce gouvernement, dirigé par Guy Verhofstadt, pourra être installé pour la fin de la semaine et recevoir la confiance du parlement ce week-end. "L'ensemble des contacts que le formateur a pris ces derniers jours a permis de débloquer la situation", s'est félicité mercredi Guy Verhofstadt dans un communiqué.
La situation était devenue "intenable", a affirmé Monsieur Verhofstadt au micro de la RTBF, en estimant que la Belgique donnait à l'étranger l'image d'un pays en train de s'évaporer dans une crise de régime interminable.
Verhofstadt, qui dirigeait depuis 1999 une coalition entre socialistes et libéraux, obtiendra la confiance du parlement belge avant la Noël et gouvernera le pays jusqu'au 23 mars 2008 avant de céder théoriquement le relais à Yves Leterme.
Son gouvernement sera composé d'une coalition très complexe entre les libéraux et les démocrates-chrétiens du Nord et du Sud du pays, qui négociaient sans succès depuis six mois.
Mme Milquet du Cdh a pour sa part réfuté avoir changé d'avis entre mardi et mercredi pour des raisons de postes ministériels. "Ce sont les circonstances qui ont changé et nous prenons des décisions en fonction de celles-ci", a-t-elle dit. Le gouvernement intérimaire dirigé par le premier ministre Guy Verhofstadt devrait se composer de 14 ministres (un de moins que le gouvernement définitif) mais pas de secrétaires d'Etat. Il y aurait deux vice-premiers ministres, un CD&V et un MR mais chaque formation serait représentée au sein du comité restreint. On compterait 4 ministres CD&V, 3 MR, 3PS, 3 Open Vld et 1 Cdh. Certains noms circulaient déjà : D. Reynders (finance), P. Dewael (Intérieur), K. De Gucht (affaires étrangères) ; Y. Leterme (Budget), J. Vandeurzen (Justice), P. De Crem (défense); J. Piette (Emploi), L. Onkelinx (Santé)
Le gouvernement intérimaire devra prendre des mesures urgentes, comme l'adoption du budget 2008, et lancer un forum chargé de proposer un nouveau transfert de pouvoirs aux régions voulu par les Flamands, notamment en matière de sécurité sociale et de fiscalité, mais redouté par les francophones.
Malgré la formation de ce nouveau gouvernement, sur le terrain, la tension semble ne pas s'apaiser. Mardi dernier nous confirme une source, la commune flamande de Zaventem, dans la banlieue de Bruxelles, avait voté un règlement qui interdit aux personnes ne parlant pas le néerlandais d'acheter des terrains à bâtir.
Le nouveau gouvernement devra également trouver très rapidement un accord sur le sort du grand arrondissement électoral qui entoure la capitale belge et qui permet aux francophones vivant dans les communes flamandes de la périphérie bruxelloise de voter pour les partis de leur communauté.
En attendant, la gestion du royaume par le gouvernement intérimaire se poursuivra parallèlement avec les négociations en vue de la formation d'un gouvernement définitif, auxquelles participeront la présidente Joëlle Milquet et le chef de groupe à la Chambre, Melchior Wathelet. Ce gouvernement, dirigé par Yves Leterme, est prévu pour le 23 mars.
© Camer.be : Hugues SEUMO