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7 août 2016

Des manquements qui appellent au scepticisme envers le projet du passeport africain de l’Union Africaine

passeport-africain

Au dernier sommet de l'Union Africaine de Kigali au Rwanda, cette instance continentale a réitéré son intention d’accorder un passeport commun à tous les africains, qui leur permettrait de voyager sans visa partout sur le continent d’ici 2020. Toujours au cours de ce sommet les présidents Idriss Déby Itno du Tchad et Paul Kagamé du Rwanda se sont vus remettre ce sésame.

Au-delà des heureux bénéficiaires qui ont reçu ce passeport panafricain lors du 27ème sommet de l’UA à Kigali, ce document pourra-t-il vraiment être mis à la disponibilité de tous ? En quoi ce passeport constitue t-il un "outil" pouvant permettra aux africains de voyager librement sur le continent du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest ? En quoi le citoyen lambda est-il concerné ? 

De nos jours en Afrique, les difficultés que plusieurs africains rencontrent dans leur pays respectifs les poussent à préférer l’exode, même clandestin.

La politique

L’injustice sociale et la grande précarité règnent dans plusieurs Etats africains. La lutte pour le pouvoir et l’accès aux richesses a ouvert des conflits intérieurs et extérieurs de plus en plus dévastateurs. Cette situation de guerre oblige les citoyens de pays en conflits à migrer vers les pays où règne le calme

La xénophobie

Les pratiques xénophobes sont présentes dans plusieurs pays africains. Ce qui complique bien l'intégration des étranger dans la sphère sociétale du pays d'accueil. La xénophobie augmente, les étrangers sont montrés du doigt face à une crise

Et pourtant !

Sans toutefois prendre le risque de nous tromper, il faut reconnaître que les migrants venant des pays du continent sont d’abord une conséquence de la mal gouvernance dans leur pays respectif. Piller les ressources naturelles d’une population, le marginaliser, c’est exercer contre elle une véritable violence économique. Il est certain que la plupart des migrants préféreraient rester dans leur pays d’origine, parce qu’ils y ont leur famille, leur culture, leurs racines.

L’Afrique est constamment en proie à des malaises socio-économiques et politiques : pauvreté, famine, pandémies, inégalité, instabilité politique, dictatures, conflits armés,…
Plusieurs différends entre pays limitrophes ne sont pas encore résolus .

L’’Union africaine, au lieu d’œuvrer pour sa mission régalienne qu’est la promotion de la démocratie, des droits de l’Homme et du développement des États africains a décidément croisé les bras face à des Etats membres dispersés et en conflits.

La coopération entre les pays africains est la plus faible au monde et la liberté de circulation et de marchandises demeure la plus restreinte. Il faut dire que l’UA ne s’est jamais imposée en tant qu’institution continentale fédératrice. D’ailleurs, les problèmes africains sont souvent traités par les pays occidentaux.

Dans ces circonstances, ne serait-il pas judicieux, comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, d’aller d’abord vers plus d’intégration et de coopération avant de lancer un passeport unique, qui n’existe nulle part ailleurs, même en Europe ? L’on se demande si un chef d’État ou de gouvernement en a véritablement besoin ? (1)

Au lieu de parler d'un passeport panafricain qui pour l'instant ne se délivre qu'à une certaine catégorie de personnalité politique, il serait mieux de chercher à renforcer le climat de sécurité, de paix, de démocratie dans les Etats africains afin de rendre effectif ce passeport.

Pour mieux intégrer les populations africaines, il faudrait avant tout renforcer le parlement panafricain, sensibiliser les populations sur les questions continentales. Quelle sera la portée d'un document de voyage valable pour les 53 Etats du continent quand son détenteur ne saurait à quoi ça sert.

L'observateur averti de la scène politique continentale africaine sait qu'il ne faudrait pas revivre l’échec du passeport de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao). En 2000, cet ensemble d’Etat avait créé un passeport commun, rapidement abandonné au profit d’un visa, qui est lui-même délaissé aujourd’hui. (2)

Réduire la pauvreté en Afrique est le moyen le plus efficace pour lutter contre l’immigration et favoriser l'immigration utile. Pour l'heure, la gestion des conflits internes difficiles, la sécurité, les manquements démocratiques et sociaux dans plusieurs pays africains sont autant de manquements qui appellent au scepticisme envers ce projet ambitieux de l’Union Africaine.

Un autre contribution du même auteur sur cette problématique sur ce lien

(1) Nacereddine Benkharef, Tsa Algerie
(2) Hugues SEUMO, in La tribalisation des constitutions africaines, Editions Libris 2000, P 105

 

Hugues SEUMO

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